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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/40

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tu ne verses plus le sang de tes sujets pour les assouvir, tu ne ravis plus l’honneur de leurs filles… À ces mots les deux guerriers prennent champ, les armées ont les yeux sur eux… ils se rapprochent, ils se heurtent avec impétuosité… ils se portent des coups furieux ; Rodrigue est enfin abattu, son valeureux ennemi lui fait mordre la poussière, et se jetant aussi-tôt vers lui : reconnais ton vainqueur avant que d’expirer, Rodrigue, dit le guerrier en relevant son casque. Oh ciel ! dit l’Espagnol. — Tu frémis lâche, ne t’avais-je pas dit que tu reverrais Florinde au dernier instant de ta vie ; le ciel outragé de tes crimes a permis que je sortisse du sein des morts pour venir t’en châtier et terminer tes jours ; vois celle à qui tu as ravis l’honneur, flétrir ta gloire et tes lauriers ; expire, ô trop malheureux prince ! que ton exemple apprenne aux rois de la terre, que c’est à la vertu seule à consolider leur puissance, et que celui qui abuse de son autorité comme toi, trouve tôt ou