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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/56

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Cependant il faut se séparer ; Mars appelle son enfant chéri, Antonio doit aller combattre ; il n’a pas encore assez cueilli de palmes pour être digne de Laurence ; c’est sur les ailes de la gloire qu’il veut être couronné par l’hymen ; de son côté, Laurence est trop jeune pour subir les loix de ce dieu, tout nécessite donc des délais.

Mais quelqu’empire que l’ambition ait sur Antonio, il ne peut s’arracher sans des larmes, et Laurence ne voit point partir son amant sans en verser de bien amères.

Ô ! maîtresse adorée de mon cœur, s’écrie Antonio en ce fatal instant, pourquoi faut-il que d’autres soins que ceux de vous plaire, m’enlèvent au bonheur d’être à vous ? Ce cœur où j’aspire à régner bien plus que sur aucun peuple, me suivra-t-il au moins dans mes conquêtes ? et plaindrez-vous votre amant, si des revers, imprésumables alors que l’on combat pour vous, viennent à ralentir un instant ses succès ? Antonio, répondait modestement, Laurence, en