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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/84

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puis-je vous cacher quelque chose ? Oui, j’ai fait partir une lettre, j’en ai chargé Camille. — Elle aurait dû m’en faire part. — Ne la réprimandez-pas de son zèle pour moi. — Je la gronderai de sa discrétion. — Je vous demande sa grâce. — Elle est accordée, Laurence ;… et dans cette lettre ? — Je prie Antonio de revenir, ou de me permettre de l’aller joindre ; mais aucune plainte de cette scène, dont j’ignorais la cause, et dont je ne puis me cacher à présent. — Nous ne lui en ferons point un mystère, ma fille, il faut qu’il connaisse votre amour, il faut qu’il soit instruit de son triomphe.

Tout s’appaise, et la plus grande intelligence règne maintenant dans une maison que venaient de troubler tant de désordres ; mais ce calme ne devait pas régner long-temps, l’âme des scélérats laisse-t-elle respirer en paix la vertu ? Semblables aux flots d’une mer inconstante, il faut que ses crimes perpétuels bouleversent tout ce qui ose se confier sur son élément, et ce n’est qu’au fond du tom-