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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/93

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malheureux page ; noyé dans son sang près de Laurence, il rendit l’âme sans proférer une parole ; et ce ne fut pas sans une joie maligne que Charles vit expirer ce mal-adroit complice, dont il n’avait presque rien à espérer pour le crime, et tout à craindre pour la délation. On rapporte Laurence dans son appartement ; elle ouvre les yeux… elle ignore ce qui s’est passé… elle demande raison à Camille de cet assoupissement subit qui s’est emparé d’elle dans le berceau d’orangers… l’a-t-on quittée ?… a-t-elle été seule ? elle apperçoit du trouble… qu’est-il arrivé ?… elle éprouve un mal-aise dont la cause lui est inconnue ; dans le rêve affreux de cette léthargie, elle a cru voir Antonio s’élancer sur elle et menacer ses jours… est-il vrai ?… son mari serait-il dans ces lieux ? Toutes les questions de Laurence se croisent et se multiplient ; elle en commence vingt, elle n’en finit aucune. Cependant Camille est loin de la rassurer ; vos crimes sont connus, madame, lui dit-elle, préparez-vous à les expier. —