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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/94

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Mes crimes !… oh ciel !… vous m’effrayez… Camille, quel crime ai-je commis ? quel est ce sommeil magique dans lequel je suis tombé malgré moi ?… en aurait-on profité pour renouveller des horreurs ?… mais Charles m’a désabusée, il préparait un triomphe à ma vertu… il ne tendait point de piège à mon innocence… Il me l’a dit… m’aurait-il trompée ? Dieu ! quel est mon état… Ah ! je vois tout… je suis trahie… pendant cet affreux sommeil… Urbain… le monstre… et Strozzi, tous deux d’accord sans doute… Ah ! Camille, dis-moi tout… dis-moi tout, Camille, ou je te regarde comme ma plus mortelle ennemie. Épargnez ces feintes, madame, répond la duègne ; elles sont inutiles, tout est découvert… vous aimiez Urbain, vous lui donniez des rendez-vous dans le parc… vous ne l’avez rendu que trop heureux, et quel instant avez-vous choisi ? le même où votre époux accouru, sur la lettre dont vous m’aviez chargé pour lui, venait vous témoigner son amour et son zèle, en profitant du seul jour que lui laissait