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Page:Sade - Les crimes de l'amour, Nouvelles héroïques et tragiques, tome 3, 1799.djvu/96

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qu’après avoir appris, de vous-même, quelles raisons ont pu vous porter à l’infâme action que j’ai surprise.

Rien n’égale à ces mots le funeste embarras de Laurence ; elle voit bien qu’on a trompé ses sens… mais que dire ? se défendra-t-elle, ainsi qu’elle le doit ? elle ne le peut, qu’en dévoilant les horribles complots de Charles… qu’en armant le fils contre le père… s’accusera-t-elle ? elle est perdue… ce qui est pis, elle se rend indigne de regagner jamais le cœur de son époux. Ô ! funeste situation… Laurence eut préféré la mort… et cependant il faut répondre.

Antonio, dit-elle avec tranquillité, depuis que nous sommes unis, avez-vous vu quelque chose de moi qui dût vous faire croire que je fusse capable de passer, dans un instant, de la vertu au crime ? — Antonio : il est impossible de répondre d’une femme. — Laurence : j’avais l’orgueil de croire à l’exception, j’imaginais que le cœur où vous régniez, ne pouvait plus appartenir à d’autres. — Charles : quels détours !… quel artifice