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Page:Sade - Philosophie dans le boudoir, Tome I, 1795.djvu/91

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de se faire foutre du matin au soir. C’est pour cette unique fin que l’a créé la nature ; mais si, pour remplir cette intention, j’exige d’elle de fouler aux pieds tous les préjugés de son enfance, si je lui prescris la désobéissance la plus formelle aux ordres de sa famille, le mépris le plus constaté de tous les conseils de ses parens ; tu conviendras, Eugénie, que de tous les freins à rompre, celui dont je lui conseillerai le plutôt l’anéantissement, sera bien sûrement celui du mariage. Considère, en effet, Eugénie, une jeune fille à peine sortie de la maison paternelle ou de sa pension, ne connaissant rien, n’ayant nulle expérience, obligée de passer subitement de là dans les bras d’un homme qu’elle n’a jamais vu, obligée de jurer à cet homme aux pieds des autels, une obéissance, une fidélité d’autant plus injuste, qu’elle n’a souvent au fond de son cœur que le plus grand desir de lui manquer de parole. Est-il au monde, Eugénie, un sort plus affreux que celui-là ; cependant la voilà liée, que son mari lui