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Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/138

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mélancolique, il était venu, et maintenant il me regardait et immobile, il écoutait. La surprise ayant distrait mon inattention mélancolique que traduisait mon chant vague et monotone, je cessai de chanter.

Le lézard, le beau et grand lézard vert fit un mouvement pour s’éloigner.

Je repris mon chant et il redevint immobile. Longtemps je chantais l’air vague et monotone, tandis que le lézard au dos d’émeraude qui brillait au soleil et captivait mon regard, écoutait ma mélancolie.

Mais l’adolescent alerte, lorsqu’il sut notre entente, me dit :

« Je vais prendre le beau lézard. Vous le garderez, vous l’apprivoiserez et quand vous partirez vous l’emporterez. »

Et l’adolescent disparut en criant joyeusement :

« Mais, chantez, chantez. »

Le beau lézard au dos d’émeraude, dont on voulait faire un captif, parmi les tapis et les soies, loin du soleil et des herbes chaudes et de la musique de la mer, écoutait, écoutait… l’enchanteresse.

Alors, je me tus.