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Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/137

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CE matin, sur ma terrasse, parce que la lune, la lune patiente et froide n’était plus, je respirais dans le soleil, sans penser. J’étais penchée sur mon jardin, et toute ma mélancolie nocturne s’en allait avec mon chant vague, fait de toutes les musiques les plus diverses, mais toutes lentes. Et je ne savais lesquelles.

Ma mélancolie s’envolait avec la mélodie, la mélodie qui sort de mes lèvres quand mon âme mélancolique emprisonne ma pensée et ma conscience. Je chantais, je ne sais quel air, lent et monotone et mélodique. Je ne pensais pas et je ne regardais rien.

Tout à coup, une ligne de lumière verte et vive à mes yeux s’imposa. Puis, cette lumière s’immobilisa.

Je la fixai.

Un splendide lézard vert, grand comme le sont seulement les lézards des pays du soleil, et tel je n’en avais pas encore vu, était sous ma terrasse.

Attiré par mon chant vague et monotone et