Aller au contenu

Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je le sais et je la sens et je la méprise. Sous son regard blafard, blafard comme la lune, domptant mon mal, mon mal si soudain et si mystérieux, calmement, sans angoisse et sans peur, je fais autour de moi et sur moi le mystère.

Dans le silence nocturne, mon pouls qui bat, et le léger cri du papier que je déchire, du papier tout vibrant des pensées qui le marquent, de la musique d’âmes ardentes, d’âmes ardentes qui n’ont révélé que l’essence de leur amour.

Comment, avec un pouls si désordonné par le mal, mon âme est-elle si calme et clairvoyante ?

Maintenant, je sais que mon orgueil veille. Peut-être survivra-t-il cet indomptable, si rouge en face de la lâche qui est là, pâle, si pâle, guettant mon râle.

Le mystère autour de moi et sur moi est fait. Mon mépris ne peut pas grandir.

Quelle nuit !

Et voici l’aube, l’aube pâle comme la lune et comme l’attente.

Mon attente va donc finir.

Mais si c’était Elle, la lâche qui est là, pâle,