QUELLE nuit !
Ce n’est plus l’attente sous la lune.
L’attente a toute la pâleur de la lune invisible, invisible pour moi, qui, dans ma chambre close, attend, attendait Celle qui est plus pâle que la lune, plus pâle que l’attente.
Celle-là, elle aurait pu me prendre tout au fond de la mer multicolore. Là, elle n’est plus pâle, elle a la couleur des algues et des goémons, des poissons multicolores, du sable sous-marin, de l’eau profonde et du soleil qui pénètre la mer.
Celle-là, elle aurait pu me prendre en plein élan, en toute vitesse quand ma volonté dompte les lois élémentaires. Là, elle n’est plus pâle, elle a la pourpre de l’orgueil.
Celle-là, elle aurait pu me prendre emmêlée avec Celui que j’aime, dans la possession qui crée et qui détruit. Là, elle a la couleur du vin et celle du sang, la couleur de l’ivresse.
Mais, lâche, elle est là, pâle, si pâle, guettant mon râle.