Aller au contenu

Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


J’AI des fleurs sur ma table. Je les ai cueillies au clair de la lune. Elles sont blanches, pâles comme la lune.

Pourquoi sous le soleil de juillet, dans ce pays de soleil, les fleurs sont-elles lunaires, exclusivement ?

En ces jours de lune, je cueille du myrte blanc. Ce myrte, que les Romains consacraient à Vénus et les Grecs à la Gloire, pourquoi est-il blanc ? L’amour et la gloire m’apparaissent dans la pourpre et leur odeur me semble plus âcre — l’odeur du sang — que celle de cette modeste fleur blanche au parfum discret. Mais le feuillage du myrte est toujours vert, et c’est lui, sans doute, qu’on offrait à Vénus et dont on couronnait les héros. Symbole de l’éternité de l’amour et de la gloire ! Mais dans l’Amour il y a tant d’amours et pour la Gloire il faut tant de gloires !

En ces jours de lune, je cueille la marguerite pâle, la marguerite — fleur, qui porte le même nom que la perle — blanche aussi —