Aller au contenu

Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et voici mon bouquet lunaire, mon bouquet chaste malgré ses symboles, chaste jusqu’à contenir la mort, la mort pâle et lunaire.

Avec le myrte, je ne ferai pas une couronne pour mon front. Que m’importe la gloire ? Que m’importe la gloire, ce soir surtout, sous la lune, la lune qui pâlit les réalités, annihile les futurs. Je n’en ferai pas offrande à Vénus. Celle que je crée semblable à mon âme est plus cruelle, si elle n’exige pas l’éternité, elle veut du sang. Et pour cela, douze fois trois jours dans l’an, elle veut les femmes, ses vestales, toutes à Elle dans le renoncement, dans le poignant et fatal sacrilège du sang. Je ne lui offrirai pas de myrte, mais bientôt sur le marbre blanc de son autel, mon sang ; mais parce qu’elle ne m’a pas délivrée de l’Attente, elle sera frustrée de mon renoncement. Qu’importe la dîme rouge à celle qui, chaste, attend, et dont la rose ardente, sous la lune, est pâle, nostalgiquement pâle comme la lune et l’attente.

Je n’effeuillerai pas la marguerite, car il n’est pas de mesure à l’amour frénétique de mon impudique Amant. Je suis en lui comme une blessure, qu’il ne fermera, qu’en croisant