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Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/47

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ses mains sur ma nuque tandis que je lui serai une ceinture.

Un peu, beaucoup, passionnément, c’est assez pour les vierges pâles. Moi je suis pâle sous la lune de l’attente, mais mon ardeur est en moi, sous ma peau, comme mon sang que nul ne voit et que seule je sens.

Je ne prendrai pas la mort pâle que m’offre la corolle pâle de l’hiératique ciguë qui se tend pour être cueillie. La face pathétique des pâles morts mélancoliques ne tente pas mon attente. Tant d’attente pour aboutir à cette pâleur ! mon rouge orgueil se cabre. Laissons la mort aux sages vaincus. Je suis folle et je vaincs.

Simplement, je prendrai ces fleurs, et je les mettrai sur le marbre blanc de ma blanche chambre, que pâlit encore et la lune et l’attente. Et toute leur pâleur de gloire, d’amour et de mort, avec moi, inutile et inviolée, attendra l’heure rouge.