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Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/67

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LE pêcheur fatigué avait lâché les rames.

J’ai pris les rames dans mes fortes mains aux poignets d’enfant. Le pêcheur a souri.

Puis, quand il vit sous l’impulsion de mes bras blancs, purs et musclés, au rythme régulier des rames, le bateau fendre le flot sans effort, il m’a regardée avec respect et pas avec le respect qu’on a pour une dame.

J’ai dit au pêcheur :

— Ne craignez rien. Et légèrement, sans effort, je me suis laissée couler de la barque dans la mer.

La barque était en pleine mer.

Selon un beau rythme harmonieusement régulier, j’ai nagé sans fatigue et sans à-coups et sans arrêt, jusqu’à la plage lointaine. Je dépassai le bateau, le pêcheur debout ramait et me regardait.

Je m’immobilisais sur la plage, ma respiration était aussi égale que lorsque, allongée