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Page:Saint-Point - L’Orbe pâle, 1911.djvu/81

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CE matin, le battement de mon cœur a répondu à l’appel du canon. Quel rude réveil à mon sommeil paisible, paisible à l’aube après la veille lunaire.

Sous la lune, j’avais vu les monstres de guerre. Ils attendaient… la guerre qui peut-être, hélas ! ne viendra pas.

Aujourd’hui, les monstres se sont stérilement battus avec acharnement.

Je voyais le feu que vomissait le canon, puis, longtemps après, j’entendais comme on entend le tonnerre, le bruit terrible longtemps après que l’éclair a rayé la mer. Puis encore après, très loin, au large, devant l’île, je voyais s’élever un immense et merveilleux jet d’eau, qui semblait caresser le flanc montagneux de l’île et qui retombait dans la mer. Les feux aux gueules formidables des canons, se succédaient presque sans interruption, puis les bruits effroyables et les lumineuses gerbes d’eau.

Quel puissant spectacle sous le soleil !