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Lundi 10 décembre 1849.

PENSÉES, ESSAIS, MAXIMES
ET CORRESPONDANCE
DE
M. JOUBERT.
(2 vol.)

On s’étonnait un jour que Geoffroy pût revenir à diverses reprises et faire tant d’articles sur la même pièce de théâtre. Un de ses spirituels confrères, M. de Feletz, répondit : « Geoffroy a trois manières de faire un article : dire, redire, et se contredire. » J’ai déjà parlé plus d’une fois de M. Joubert, et je voudrais pourtant en parler encore aujourd’hui sans redire et sans me contredire. La nouvelle édition qui se publie en ce moment m’en fournira l’occasion et peut-être le moyen.

La première fois que je parlai de M. Joubert, j’eus à répondre à cette question, qu’on était en droit de m’adresser : Qu’est-ce que M. Joubert ? Aujourd’hui on ne fera plus cette question. Quoiqu’il ne soit pas de ces écrivains destinés jamais à devenir populaires, la publication première de ses deux volumes de Pensées et de Lettres, en 1842, a suffi pour le classer, dès l’abord, dans l’estime des connaisseurs et des juges ; il ne s’agit que d’étendre un peu le cercle de ses lecteurs aujourd’hui.

Sa vie fut simple, et je ne la rappelle ici que pour ceux qui aiment à bien savoir de quel homme on parle