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Page:Sainte-Beuve - Causeries du lundi, I, 3e éd, 1857.djvu/418

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célèbre Louis, Secrétaire de l’ancienne Académie de chirurgie. On aurait ainsi une histoire à peu près complète de la médecine et de la chirurgie en France pendant la seconde moitié du dernier siècle. Depuis qu’il a succédé à M. Pariset dans les fonctions de Secrétaire perpétuel, M. Dubois (d’Amiens) a déjà lui-même prononcé trois Éloges : celui de Pariset, celui de Broussais et celui du grand chirurgien Antoine Dubois. On a fort apprécié surtout, dans ce dernier Éloge, le talent consciencieux avec lequel le biographe a su rendre le caractère, non-seulement du maître et du praticien, mais de l’homme, et ce soin curieux de recomposer par une foule de traits une figure originale.

C’est ce sentiment de réalité et de vérité qu’il s’agit d’introduire de plus en plus, bien qu’avec discrétion toujours et avec goût, dans l’Éloge historique. Je voudrais qu’on en vînt là, même à l’égard des gens de Lettres qu’on célèbre au sein des Académies : à plus forte raison, quand il s’agit des hommes qui ont cultivé des sciences ou des arts sévères. La Notice académique bien traitée, avec tact, avec sobriété et justesse, est un genre délicat, susceptible d’agrément, mais d’un agrément léger et peu saillant à distance. La grandeur, pour peu qu’elle y entre naturellement, n’y a place que dans de rares occasions. Si l’on ne composait ces Notices que pour les lire devant des confrères et des connaisseurs, gens du métier, on pourrait s’en tenir aux traits simples et rester dans un parfait accord avec le sujet ; mais les séances publiques amènent le désir et le besoin des applaudissements, et les applaudissements s’obtiennent rarement par des traits fins et justes, par des nuances bien saisies, ou même par des vues simplement élevées. L’écueil de tout temps, depuis qu’il y a eu lecture publique d’Éloges, a donc été, pour celui qui les pro-