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LIVRE DEUXIÈME.

démie françoise qui lui fut offerte, le cardinal de Richelieu fit insérer dans les Statuts l’article qui porte que personne n’y sera admis s’il ne le demande. » La raison que donne Segrais du mécontentement de d’Andilly contre le Cardinal, qui lui aurait refusé l’agrément de la charge d’Intendant de la maison de Monsieur, ne paraît pas fondée ; car ce fut de Monsieur que partit la disgrâce de d’Andilly, et non du Cardinal. Quoi qu’il en soit, ce dut être vers le commencement de 1634 que d’Andilly, alors retiré à Pomponne, et apparemment boudeur, refusa l’Académie naissante, alléguant qu’il désirait passer une grande partie de sa vie aux champs : on voit dans l’Histoire de l’Académie que le statut en question date de ce temps-là. Il renouvela plus tard ce refus aux ouvertures académiques qui lui furent faites une seconde fois, à ce qu’il paraît, lorsqu’il eut publié sa traduction des Confessions de saint Augustin (1649). Vigneul-Marville a confondu les deux temps.[1]

Littérairement, M. d’Andilly a rendu de vrais services à la langue. Comme témoignage bien honorable de son autorité en telle matière, il suffirait de rappeler (d’après Segrais) que M. de La Rochefoucauld lui envoyait une copie de ses Mémoires, pour obtenir de lui des corrections, particulièrement sur la pureté du style.[2] Venu un peu tard à la pratique, et presque en amateur, il coopéra, aussi largement que personne, et d’une façon très-saine, à l’œuvre d’épuration et d’élégance de Balzac et de Vaugelas.

On aurait à considérer M. d’Andilly écrivain, dans

  1. Mélanges d’Histoire et de Littérature, tome I, page 170 (4e édition).
  2. Ce fut même ce qui amena la divulgation des Mémoires, M. d’Andilly n’ayant pas su les refuser à Brienne, ce personnage si peu sûr, qui, sous prétexte de les lire, se mit à les faire imprimer.