Aller au contenu

Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t2, 1878.djvu/384

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
374
PORT-ROYAL.

elle-même dans l’intervalle.[1] Ce sont déjà les mourants soupirs de Port-Royal, quoique les tout derniers débris et les pierres n’en doivent tomber que vingt-cinq ans plus tard.

Ai-je maintenant à énumérer en détail les divers écrits de M. de Saci ? En parlant de sa grande Bible, j’ai dit son œuvre. Il donna d’autres traductions encore, celle de l’Imitation de Jésus-Christ sous le nom du sieur de Beuil,[2] celle des Homélies de saint Jean Chrysostome sur l’Évangile de saint Matthieu, sous le nom de Paul-Antoine de Marsilly ; et, d’après des documents traduits par Du Fossé, une Vie de Dom Barthélémy des Martyrs. Sa vigilance chaste et patiente avait pourvu les petites Écoles d’éditions de Martial et de Térence, où les impuretés trop pures de langage (purissima impuritas) étaient industrieusement élaguées. Il traduisit aussi Phèdre.[3]

  1. « … Cependant vous voyez comme tout le monde s’en va peu à peu, et dedans et dehors ; et quand je considère qu’il y a cette semaine quarante-cinq ans (accomplis) que, par la charité des Révérendes Mères, je fus reçu au dehors de votre maison pour entrer plus particulièrement sous la conduite de M. Du Verger et que nous n’avons presque plus personne de ce temps-là, je ne puis m’empêcher de craindre que nous ne déclinions aussi comme le temps, et qu’il ne se glisse quelque changement dans notre conduite, soit par notre propre infirmité, ou par l’impression de ceux qui n’ont point connu Joseph. »
  2. De l’Imitation de Jésus-Christ, traduction nouvelle, par le sieur de Beuil, prieur de Saint-Val (1662). On remarquera ce prieur de Saint-Val, de même que, dans les Figures de la Bible, le sieur de Royaumont (pseudonyme de Fontaine) est dit prieur de Sombreval. Port-Royal encore, avec sa sainte et sombre vallée, était là-dessous : ces dignes solitaires se rapprochaient le plus possible du vrai jusque dans leurs pieux déguisements. — Un annotateur qui fait le critique (Mémoires de Rapin) a confondu ces deux noms de Saint-Val et de Sombreval, et il prétend qu’on se trompe quand on les distingue.
  3. Sous le nom du sieur de Saint-Aubin. — Ces divers ouvrages