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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/155

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LIVRE TROISIÈME.


    eu de généreux, de sain et d’intègre s’est du premier jour révolté contre eux ; et, comme Ordre, je ne sais qu’un éloge qu’on pourrait leur donner avec vérité : il faut les louer de toutes les vertus qu’ils ont suscitées et fomentées contre eux par leur présence. » Dans l’ancienne France, en effet, ils eurent toujours contre eux tout ce qu’il y eut de braves esprits, comme disait Etienne Pasquier, le premier en date de leurs adversaires. — Pour être impartial jusqu’au bout, j’ajouterai que dans la nouvelle France la position a changé, et que ce n’est pas toujours la marque d’un très-brave esprit de les poursuivre, et surtout d’en avoir peur. — Que si l’on insistait sur ce que les Jésuites gagnent très-visiblement chaque jour et l’emportent, du moins au sein du Catholicisme, en ce sens qu’il n’y a plus chez nos modernes Catholiques aucun esprit d’opposition à leur égard, et que bien au contraire c’est presque une seule et même chose en France maintenant de penser comme un Jésuite ou comme un Catholique, je dirai à mon grand regret que, si c’est tant mieux pour les Jésuites en particulier, c’est tant pis pour les Catholiques en général ; qu’il est fâcheux qu’il n’y ait plus en France telle chose qu’un Clergé de France avec les garanties qu’il offrait ; qu’il serait, en effet, très-grave que tous les Catholiques français parussent avoir désormais pour unique principe, sur chaque question plus ou moins Romaine, de se considérer et d’être, au premier mot d’ordre venu de Rome, comme le bâton dans la main du vieillard ; qu’une telle idée a toujours paru anti-française, qu’elle le paraîtrait encore, et que, si jamais elle s’autorise (Dii omen avertant ! ), il s’accumule par là bien des dangers pour l’avenir.