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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/197

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LIVRE TROISIÈME.

dut être consulté, n’est pas de lui. M. Hermant nous dit Mémoires manuscrits) que l’ouvrage n’était pas indigne de la réputation de M. Le Maître. Il est à croire aussi que M. de Pontchâteau n’y resta pas étranger ; car il s’était chargé spécialement de rassembler toutes les pièces et tous les témoignages qui se rapportaient à ces guérisons prétendues miraculeuses, et même il prenait gaiement le titre de greffier de la Sainte-Épine que la mère Agnès lui avait donné. On n’a pas ce dossier de M. de Pontchâteau. Un voyage qu’il fit peu après à Rome (il était grand voyageur) dissipa ses bonnes dispositions[1], et il fut quelque temps avant de revenir à la vie pénitente.

Je me garderai d’insister plus longtemps sur les suites d’un Épisode si considérable tout d’abord, et dont l’influence, qu’on le sache bien, se retrouvera en avançant dans toute l’histoire du Jansénisme. Je fais grâce de ce qui n’était que dévotions domestiques, de la Messe en musique célébrée chaque année à Clermont le 24 mars, et de la Prose qu’on y chantait :

O Spina mirabilis,
Cunctis venerabilis,
Malorum solatium,
etc.

Il y eut même le Chapelet de la Sainte-Épine avec une prière particulière à chaque grain, — avec des versets particuliers pour chaque petit grain, et des antiennes pour les gros. — Ce qu’il importait de signaler à notre moment de 1656, c’était le double résultat imprévu de

  1. Il décampa un beau matin, au mois d’avril 1658, sans prévenir ces Messieurs autrement que par un petit billet qu’il laissa à l’adresse de l’un d’eux, et où on lisait pour toute explication : « Je vous supplie qu’on ne se mette point en peine de moi, je suis parti pour Rome. » Il y allait avec de jeunes abbés de son âge et de sa qualité, qui le débauchèrent. — Tout cela sera dit et raconté en son lieu.