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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/571

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LIVRE QUATRIÈME.

qui ont été imprimées par Camusat[1], Chapelain entre dans le détail des conseils ; il indique les voies et les sources ; il donne ses jugements des auteurs. Tout cela est passé dans la Grammaire espagnole de Lancelot et dans la préface qu’il a mise en tête : « Je suis toujours, lui écrivait Chapelain, pour les préfaces discourues et solides ; le lecteur en est conduit comme par la main à l’intelligence du livre, et l’auteur y a moyen de faire voir sa richesse, et sa conduite à l’employer. » La dernière lettre de Chapelain se terminait par cette phrase, que Camusat a supprimée : « Mais c’est trop pour vous et pour moi ; je finis en vous exhortant à publier au plus tôt ces deux Grammaires, surtout cette dernière, pour préparer nos François à se faire entendre lorsqu’ils iront à l’adoration de la nouvelle Reine, et qu’ils lui voudront témoigner qu’ils ne sont pas moins bons Espagnols que bons François. » C’est sans doute cette ouverture de Chapelain qui aura déterminé la dédicace que fit M. de Trigny (comme Lancelot s’intitulait) de sa Méthode espagnole « À la Sérénissime Infante d’Espagne, doña Maria Teresa, que toute la France considère déjà comme sa Reine[2]. »

  1. Elles l’ont été assez peu exactement, comme il arrive presque toujours. Non-seulement l’éditeur a un peu peigné Chapelain en l’imprimant, ce ne serait pas là un grand crime ; mais il y a des fautes de noms, et même des bévues. Chapelain termine sa lettre du 10 octobre (et non septembre) 1659 par ces mots : « Il vaut mieux que je finisse par la protestation que, si j’ai été téméraire en vous reprenant ou en vous conseillant, ce n’a été que par votre ordre, et comme, M. V., etc. ; » c’est-à-dire « comme. Monsieur, votre serviteur ; » ou quelque chose de tel. Camusat imprime : « Ce n’a été que par votre ordre, et comme elle, » ce qui ne forme aucun sens. (Page 158 des Mélanges de Littérature, tirés des Lettres manuscrites de M. Chapelain.)
  2. Je lis dans une édition du Don Quichotte traduit (La Haye, 1773), page viii du tome I, que M. Lancelot en est le traducteur, et qu’il a entrepris ce travail « à la réquisition de la duchesse de Longueville, retirée à Port-Royal. » Ce sont là des propos de li~