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Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t3, 1878.djvu/85

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LIVRE TROISIÈME.

huitième Provinciales ; elles sont, l’une du 23 janvier 1657, et l’autre du 24 mars, c’est-à-dire d’un an après le début et l’entrée en lice.

Le Père Annat avait désigné comme étant le Secrétaire du Port-Royal l’auteur encore inconnu des Provinciales :

« Vous supposez premièrement, lui répond Pascal[1], que celui qui écrit les Lettres est de Port-Royal ; vous dites ensuite que le Port-Royal est déclaré hérétique, d’où vous concluez que celui qui écrit les Lettres est déclaré hérétique. Ce n’est donc pas sur moi, mon Père, que tombe le fort de cette accusation, mais sur le Port-Royal, et vous ne m’en chargez que parce que vous supposez que j’en suis. Ainsi je n’aurai pas grand’peine à m’en défendre, puisque je n’ai qu’à vous dire que je n’en suis pas, et à vous renvoyer à mes Lettres, où j’ai dit que je suis seul, et, en propres termes, que je ne suis point de Port-Royal. »

Nous savons en quel sens il est vrai que Pascal n’était point de Port-Royal : il n’y demeurait pas au moment où il écrivait toutes ses Lettres ; il n’y avait même fait que des séjours et des retraites momentanées. Il est très à croire pourtant que les deux premières furent écrites à Port-Royal des Champs[2], et que ce ne fut que pour les suivantes qu’il s’en vint loger rue des Poirées. Il était d’ailleurs en relation journalière pour son travail (est-il besoin de le répéter ?) avec ces Messieurs qui lui fournissaient toutes sortes de notes et en conféraient avec lui. M. de Saint-Gilles, dans ses Mé-

  1. XVIIe Provinciale.
  2. On lit dans le Recueil d’Utrecht (page 229) un petit Mémoire de M. de Pontchâteau qui débute ainsi : « Au commencement de l’année 1656, j’étois à Port-Royal des Champs. M. Pascal, qui y étoit aussi, y commença les PETITES LETTRES. Aussitôt après la Censure de Sorbonne, M. Arnauld sortit de Port-Royal et vint se cacher à Paris avec M. Nicole et M. Le Maître, etc. » Ce départ de M. Arnauld dut coïncider avec celui de Pascal.