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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/287

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que tu es un observateur et peut-être un artiste de naissance.

Clopinet ne comprit pas, mais son cœur battit de joie quand l’apothicaire lui dit : — Reviens demain, je t’apprendrai le métier, qui est très-facile, et, puisque tu as le sentiment, qui est un don de nature, je te ferai entrer chez le seigneur du château en qualité de préparateur. Tu apprendras l’histoire naturelle des oiseaux, et tu deviendras un jour conservateur de collections chez lui ou chez quelque autre. Qui sait si tu n’es pas né pour être savant ?

Clopinet ne comprit bien qu’une chose, c’est qu’il allait voir des oiseaux nouveaux pour lui, et qu’il apprendrait les noms et les pays de ceux dont il connaissait les airs, les chants, le plumage et les habitudes. Il vola plutôt qu’il ne courut chez son père et obtint facilement la permission d’aller travailler dans les oiseaux. — Puisque c’est son idée, dit le père Doucy avec un sourire en regardant sa femme, et que M. l’apothicaire est un grand brave homme, je pense, mère Doucette, que vous ne serez point fâchée de savoir cet enfant occupé dans un pays qui n’est pas loin, et où nous pourrons le voir souvent ?

La mère Doucette eût préféré que l’enfant ne la quittât point du tout ; mais, quand son mari avait parlé en l’honorant d’un sourire, elle ne savait qu’approuver en riant de toute sa bouche, ce qui n’était pas peu de chose. D’ailleurs elle tremblait toujours en songeant que Clopinet pouvait retourner dans ce pays d’Écosse, qu’elle croyait situé au bout du monde et où Clopinet n’avait jamais été.