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Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/55

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rêver, et la muse des bains de Diane ne revenait pas l’appeler.

Un jour qu’elle rangeait ses jouets, car elle avait beaucoup d’ordre, elle retrouva les petits cailloux et les fragments de mosaïque du parterre de Pictordu. Il y avait parmi les cailloux une boule de sable durci, de la grosseur d’une noix, qu’elle avait ramassée pour en faire une bille. Elle essaya, pour la première fois, de s’en servir ; mais, en la faisant sauter, elle vit le sable se détacher et découvrir une vraie bille en marbre. Seulement cette bille n’était plus parfaitement ronde : elle était plutôt ovale et il s’y trouvait des creux et des reliefs. Diane l’examina et reconnut que c’était une petite tête, la tête d’une statuette d’enfant, et cette figure lui parut si jolie, qu’elle ne se lassait pas de la regarder, en la retournant, en la mettant tantôt au soleil, tantôt dans une demi-ombre, s’imaginant y découvrir toujours une nouvelle beauté.

Elle était absorbée ainsi depuis une heure, lorsque le docteur qui était entré tout doucement et qui l’observait, lui dit d’une voix amicale : Que regardes-tu donc avec tant de plaisir, ma petite Diane ?

— Je ne sais pas, répondit-elle en rougissant ; regardez vous-même, mon bon ami ; moi je m’imagine que c’est la figure d’un petit Cupidon.

— Ce serait plutôt celle d’un jeune Bacchus, car il y a des pampres dans ses cheveux. Où donc as-tu trouvé cela ?

— Dans du sable et des cailloux, à ce vieux château dont mon papa vous parlait encore hier.