Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/101

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maître lui-même en supposant qu’il l’opprime ! Te crois-tu à Sparte où les femmes ne sont rien, tandis qu’ici, dans l’Attique, elles sont tout ? Mets-toi à mes genoux et demande-moi pardon de ton langage.

BACTIS, ému.

L’amour seul fait plier les genoux d’un homme devant une mère, une sœur… ou une amante. Veux-tu donc ? …

MYRTO, troublée.

Une amante ? … Pour ce mot-là, tu dois être châtié ! … Oui, le fouet me fera raison de ton audace ! couche-toi ! … (Elle cueille une branche.) Je veux te frapper jusqu’à ce que tu roules dans le sable… Eh bien, tu restes debout ; attendras-tu que je te fasse lier à un arbre ?

BACTIS.

Enfant, épargne-toi tant de colère ! Tiens, je vais dormir là ; chasse-moi les mouches avec ta houssine : je te défie de me faire seulement ouvrir les yeux. (Il se couche.)

MYRTO.

C’est ce que nous verrons ! (Elle passe derrière lui et le regarde, plie le genou et se penche sur lui.) Bactis, je t’aime !

BACTIS, se soulève avec un cri de surprise.

Dieux !

MYRTO.

Ah ! je t’ai fait ouvrir les yeux !

BACTIS, se relevant, irrité.

Cruelle, tu mentais ! Eh bien, pour ce jeu-là, tu mériterais la mort…

, MYRTO recule effrayée.

Tu me menaces ?

BACTIS.

Va-t’en ! tu as le droit de m’ôter la vie, mais non celui de vouloir égarer mon âme. Va-t’en !

MYRTO.

Insensé, tu parles en maître !

BACTIS.

Oui, car je suis en ce moment plus que toi, qui sacrifies à