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Page:Sandre - Le purgatoire, 1924.djvu/25

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prisonnier

de la tranchée, sabre en main. Il n’y a plus d’officiers à la 3e, ni à la 4e.

Tué, aussi, le lieutenant G***, de la 5e compagnie, par une balle à la tempe. Pressentant sa destinée, il était monté en ligne en mettant sur sa capote la croix de la Légion d’honneur et la croix de Guerre où luisaient quatre palmes. Tué, aussi, le lieutenant S***, de la 4e.

— Et le capitaine V*** ?

— Il était blessé au moment de l’attaque.

— Je sais. Il était près de moi quand un éclat d’obus l’a touché à la cuisse. Mais qu’est-il devenu ?

— Ils ont dû le tuer.

Dans un coin — déjà, — quelques prisonniers travaillaient pour les Allemands. On leur avait fourni des pelles et des pioches, et ils creusaient de nouveaux trous pour de nouveaux gourbis dans le flanc du ravin. Ils baissaient la tête, et peinaient en silence.

Je rencontrai le lieutenant T***, de la 5e compagnie. Il avait des larmes aux yeux. Il saignait de l’oreille. Son casque était défoncé. La section du lieutenant T*** s’était vigoureusement battue à la grenade. Nous nous serrâmes les mains.

— Et le capitaine V*** ?

— Je ne sais pas. Il doit être tué. G*** est tué. Je l’ai vu mort. R*** aussi sans doute, car c’est lui qui a reçu le premier choc, sur la droite, et pas un homme de sa section n’est revenu vers nous.

Malgré ses protestations, je le menai au poste de secours. Correct, le médecin à lunettes d’or, qui parlait français, lui fit un pansement sommaire.

On apportait sur un brancard un soldat allemand,