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Page:Sardou - La haine.djvu/65

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ACTE DEUXIÈME.

Patronne de la ville !… (Les chefs inclinent la tête au nom de la Vierge, puis se consultent du regard.)

GIUGURTA.

Voilà une dévotion bien subite ! — Ne serait-ce pas que ton capitaine voudrait le temps de se refaire et d’appeler du renfort ?

UGONE, froidement.

Je n’ai pour mission que de faire l’offre et de rapporter la réponse !… Si tu consens, le parvis du Dôme est terrain neutre, vous tenez le côté droit de la place ; nous occupons la partie gauche et la moitié de l’Hôpital ! — Il ne tiendra qu’a toi d’y régler, avec Orso, cette suspension d’armes !…

ERCOLE.

Prends garde, Giugurta, qu’il n’y ait là quelque trahison !

TOUS.

Oui !…

LODRISIO.

Rappelle-toi Bologne et la trêve de Thadeo de Pepoli, qui cachait un massacre !…

GIUGURTA.

Aussi bien, s’ils sont fatigués… (Se levant.) nous ne le sommes pas, nous, je pense ?

TOUS.

Non !…

GIUGURTA, à Ugone.

Tu les entends ! — Dis à ton capitaine que, sa trêve… nos hommes n’en veulent pas.

TOUS, avec force.

Non ! (Mouvement d’Ugone pour se retirer.)

UBERTA, qui a tout écouté en silence debout.

Les hommes, bien !… mais les femmes qui donc en parlera ? (Ugone s’arrête, même mouvement de tous.) Ainsi l’on m’a pris mon fils, à moi !… — Et son corps est là-bas, sur la route, la proie des corbeaux et des loups !… Et ce n’est pas