Page:Say - Œuvres diverses.djvu/168

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quer les causes d’un grand nombre de phénomènes sociaux, d’en prévoir les résultats, et même de préparer des résultats favorables à nos intérêts et à ceux de la société, nous devons quelque reconnaissance aux hommes qui ont appliqué aux sciences morales les méthodes qui nous ont valu des connaissances si précieuses relativement aux sciences physiques.

Dans l’Économie industrielle, vous verrez combien on a pu acquérir de connaissances positives en les fondant sur cette base. Je ne vous en citerai point d’exemples en ce moment, parce qu’ils naîtront en foule sous nos pas, et parce que, pour en sentir la valeur, il faudrait que vous eussiez des connaissances que vous avez peut-être, mais que je ne dois pas vous supposer encore, puisque vous venez pour les acquérir. Je dois seulement vous faire remarquer ce qui caractérise les observations qui ont fait de l’Économie industrielle, une science expérimentale.

Une fois que, par l’analyse et l’observation, une chose est bien connue, et par conséquent aussi l’espèce d’action qu’elle peut exercer, il et permis de poser des principes, c’est-à-dire des vérités mères, dont on peut regarder la preuve comme acquise, et dont on peut avec sûreté tirer de nouvelles conséquences. C’est ainsi qu’il est de principe en physique que la chaleur dilate les corps ; et c’est en vertu de ce principe que l’on construit des thermomètres, des pyromètres, et que par eux nous pouvons avec confiance conclure l’augmentation ou la diminution de chaleur dans les milieux où nous exposons ces instruments.

Mais il ne faut pas s’imaginer qu’il suffise d’un seul fait pour établir un principe, ni même d’un seul fait contraire pour le renverser. Pour l’établir, vous le présumez aisément, toute expérience demande à être répétée en différentes façons ; mais trop de personnes se persuadent qu’un seul fait contraire est suffisant pour renverser toutes les preuves. Une plume qui voltige dans les airs ne détruit pas la gravitation universelle ; et bien que j’entende une cloche contre la direction du vent, il ne s’ensuit pas que ce n’est pas l’air qui m’en apporte le son. Ce fait ne prouve autre chose, sinon que les vibrations sonores se propagent dans l’espace plus vite encore que le vent. C’est ainsi que l’industrie anglaise, depuis cent cinquante ans, a prospéré malgré les douanes et non pas à cause des douanes ; et vous en serez convaincus quand nous aurons étudié la marche et les moyens de l’industrie, parce que la nature de ces moyens nous montrera quelles