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Page:Say - Œuvres diverses.djvu/170

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dre avec vous les résultats de leur travail, pour les mesurer en votre présence. Ses expériences, ou plutôt son expérience, est le résultat de toutes les observations qu’il a pu faire chaque fois que le monde lui a présenté une circonstance d’où il y avait une conséquence à tirer, soit pour connaître la nature des choses, ou bien l’enchaînement des faits. Il vous dit alors ce qu’il a observé ; et c’est à vous à vous rappeler les cas analogues que vous avez été à portée d’observer vous-mêmes ; ou bien à vous tenir à l’affût des circonstances qui se présenteront à vous pour en tirer les conséquences que le professeur vous aura appris à en tirer.

Vous pourrez même, plusieurs fois dans le cours de votre carrière, et quelle que soit votre profession, mettre à profit ses directions quand vous y entreverrez quelque avantage, et faire utilement des expériences de plusieurs années sur une indication qui vous aura été donnée en cinq minutes.

Il y a d’autres sciences parmi les plus positives, où les expériences ne peuvent pas être faites et répétées à notre choix ; L’astronomie, par exemple. Dépend-il de nous de faire arriver le moindre phénomène astronomique ? Et cependant la distance, la marche, le poids même de plusieurs planètes, sont au rang des vérités les mieux constatées ; nous connaissons la rotation du soleil, la vitesse de sa lumière ; nous avons calculé des révolutions qui ne seront achevées que dans vingt-cinq mille ans, et quoiqu’il y ait à peine deux cents ans qu’on fasse les observations avec quelque soin, nous avons acquis sur tous ces points un tel degré de certitude, qu’il n’est maintenant aucune personne tolérablement instruite, dans les cinq parties du monde, qui ne convienne de la réalité de ces données, et n’en fasse usage dans la pratique chaque fois que l’occasion s’en présente.

Hé bien, Messieurs, de même dans l’Économie politique expérimentale, la seule que je me propose de développer devant vous, quoiqu’on ne puisse pas, en général, répéter à volonté les expériences, néanmoins les faits qui lui servent de bases, se présentent si souvent dans le cours ordinaire de la vie, qu’il n’est personne, pourvu que son attention soit éveillée par une instruction préalable, qui ne puisse répéter fréquemment ses observations et jouir presque des mêmes avantages que le chimiste et le physicien qui mettent, quand ils le jugent à propos, deux corps en contact pour observer ce qui en résultera. L’expérience de chaque personne en particulier s’étend même