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Page:Say - Œuvres diverses.djvu/267

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En même temps que Paris devenait une ville de manufactures, il devenait une ville d’entrepôt. Dunkerque et Bordeaux, Marseille et Rouen ne pouvant plus communiquer ensemble par mer, ont communiqué par Paris. Les denrées d’outre-mer sont arrivées par terre. Tout se rendait au centre et du centre se répandait aux extrémités. C’est ce que peuvent attester les nombreuses maisons de commission qui se sont élevées dans Paris, et les vastes magasins qu’elles ont l’ait construire. C’est ce que confirme cette multitude de maisons de roulage qui se montrent dans presque tous nos quartiers.

L’augmentation de la population de Paris est une nouvelle preuve des progrès de son importance commerciale. M. Necker, en 1784, portait cette population à 640 ou 680 mille habitants, suivant la saison de l’année. Lavoisier ne trouvait que 593,070 âmes. Les relevés faits en 1790, sous l’Assemblée constituante, donnaient un nombre encore inférieur (550, 800 habitants). Et voici qu’un recensement exact, fait en 1817, nous annonce 713,765 habitants !

Il était reconnu en 1789, par les autorités de l’époque, que la consommation journalière de farine dans cette grande ville, était de 1500 sacs de 325 livres chaque[1]. Elle s’élève aujourd’hui à 1860 sacs du même poids, quoique l’on fasse usage, dans la classe indigente, d’une beaucoup plus grande variété d’aliments, et que la consommation des pommes de terre, notamment, ail quadruplé[2]. Aussi, les personnes âgées et judicieuses remarquent-elles que les rues de Paris soûl plus embarrassées de piétons et de charrettes qu’autrefois ; et les magistrats préposés à cette partie de la police, conviennent que les accidents qui en résultent sont aussi plus fréquents qu’à aucune époque antérieure. Le nombre des fiacres n’était que d’environ neuf

  1. Arthur Young : Voyage en France, tome I, pag. 486 de l’édition anglaise.
  2. Dans la saison des pommes de terre, il en entre dans Paris, chaque mois, environ 27,000 sacs, pesant 200 livres chacun. En 1817, la population de Paris a dévoré :

    70, 737 Bœufs.

    4, 441 Vaches.

    67, 828 Veaux.

    317, 401 Moutons.

    61,374 Porcs, et en outre 5,256,400 livres de viande de porc tuée, et plus de 3 millions de livres d’autre viande tuée. (Note de l’Auteur.)