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Page:Say - Œuvres diverses.djvu/275

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producteur comme pour le consommateur. Si les marchands pouvaient former des dépôts hors des barrières, ils ne paieraient point d’octroi au moment où ils reçoivent leurs marchandises ; ils n’en feraient entrer que ce qui serait nécessaire pour garnir leurs magasins de l’intérieur de Paris, et les produits de leurs ventes leur faciliteraient alors l’acquittement des droits.

Cette nécessité de faire l’avance de l’octroi, devenant intolérable pour les boissons qui supportent des droits bien plus forts que toutes les autres denrées, a déterminé l’établissement, dans Paris, d’un entrepôt où les vins et les eaux-de-vie arrivent sans payer les droits qu’ils n’acquittent dès lors que successivement, en sortant de l’entrepôt pour se répandre dans la consommation. Mais un entrepôt intérieur serait impraticable pour des houilles, des bois de chauffage, des fagots, des fourrages. Il se place naturellement aux portes de Paris, aux environs du port de la Villette.

Les mêmes environs peuvent également servir d’entrepôts pour toutes les marchandises destinées à passer debout, c’est-à-dire, à poursuivre leur route au delà de Paris, et qui, par conséquent, doivent éviter d’en payer les octrois. C’est ainsi que les villages de la Chapelle, et de la Villette elle-même, servent déjà d’entrepôt à une foule de marchandises ; mais seulement de celles qui arrivent par rouliers. Celles qui arrivent par la navigation sont presqu’entièrement privées de cet avantage, qui serait précieux pour les vins et les eaux.de-vie que la paix laisse maintenant arriver par mer du midi de la France, et dont une partie se distribue au delà de Paris.

Or, tous ces dépôts formés autour du port de la Villette, entre les routes de Hollande, d’Allemagne et de Suisse, situés à portée des maisons de commerce de Paris, et sous leur surveillance immédiate, seraient placés dans le site le plus favorable.

Que serait-ce donc, si le gouvernement, souscrivant enfin aux désirs du commerce de Paris, lui accordait l’entrepôt réel pour toute espèce de marchandises étrangères, c’est-à-dire, la faculté de n’en acquitter les droits de douane qu’au moment où leur destination est trouvée ?

Cette question de l’entrepôt réel à Paris n’est pas encore jugée. L’équité veut qu’on pèse attentivement les raisons qu’y opposent les négociants des ports de mer. Mais si l’on venait à prouver que les ports de mer eux-mêmes doivent retirer un profit de toutes les facilités accordées au commerce en général ; si l’on venait à considérer Paris comme une