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Page:Say - Œuvres diverses.djvu/276

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position centrale où les marchandises étrangères peuvent arriver avec facilité, et ensuite, par de belles routes, par une navigation encore imparfaite, mais susceptible de grands accroissements, se distribuer avec la même aisance et dans la province et chez les nations du centre de l’Europe ; si l’on parvenait à comprendre que les capitaux qui se trouvent amoncelés dans la capitale, seraient par là susceptibles de procurer à l’esprit d’entreprise de nouveaux moyens de spéculation ; alors peut-être la question de l’entrepôt à Paris se déciderait-elle affirmativement[1]. Nos canaux, dans ce cas, amèneraient avec profusion, à nos portes, des denrées coloniales plus légères, puisqu’elles ne seraient pas encore grevées du fardeau de l’impôt.

Il n’y a rien de chimérique dans ces espérances, rien qui ne soit excédé par les travaux que nous admirons chez nos voisins, rien que cinq à six années de volonté ferme ne puissent réaliser chez nous. Défions-nous de la timidité et de l’esprit de routine. Trop de gens qui ne savent rien faire, ont le déplorable talent de nuire à qui veut faire. Leur esprit, stérile pour trouver des moyens d’exécution, est fécond en objections et riche en obstacles. Ne les imitons pas. Osons encourager, et sachons honorer les bons citoyens qui ne craignent pas de mettre en avant leur fortune et leurs travaux pour nous faire jouir de ces éléments de prospérité que j’ai trop imparfaitement décrits ; et nous serons dignes à notre tour d’être imités par d’autres[2].

Je me souviens qu’étant à Glascow, un ami me conduisit hors des faubourgs de la ville, du côté du nord. Nous primes un chemin qui montait. Après quelques circuits, et continuant toujours à monter, je levai les yeux par hasard, et fus surpris d’apercevoir, au sommet de

  1. Un entrepôt de douane a été à la fin accordé à Paris ; ses magasins sont constamment pleins, et l’expérience a montré combien étaient vaines les craintes si vivement exprimée ? par les chambres de commerce des ports de mer contre cette création. Loin d’en souffrir, leurs propres affaires y ont trouvé des facilités nouvelles. (H. S.)
  2. Une loi du 20 mai 1818 a en effet sanctionné la concession faite par la ville de Paris à une compagnie des droits de navigation sur les canaux de l’Ourcq et de Saint-Denis, pour quatre-vingt-dix-neuf ans à partir du 1er janvier 1823, époque où les travaux devaient être terminés. La concession des droits sur le canal Saint-Martin fut faite trois ans plus tard. La navigation a été ouverte sur le canal Saint-Denis le 12 mai 1821 et sur le canal Saint-Martin le 4 novembre 1825.

    Ce qu’il y a eu de fâcheux pour la ville de Paris, c’est qu’elle a aliéné, pour obtenir l’achèvement du canal Saint-Denis, son droit d’exploitation du canal de l’Ourcq, entièrement exécuté a ses frais, et dont il eut été si important pour elle de rester en possession pour conserver toute liberté d’action dans la distribution des eaux à Paris. (H. S.)