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Page:Say - Œuvres diverses.djvu/298

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à aucun prix. Le propriétaire rend donc un service, puisqu’il concourt par son instrument à ce que nous ayons du blé. Son service est commode pour lui, j’en conviens ; mais nous ne pouvons pas nous en passer.

Ces controverses que je resserre par égard pour le lecteur, ont à mes yeux fort peu d’utilité, quand elles cessent d’être une simple narration de la manière dont les choses sont et dont les choses se passent ; quand elles prennent pour bases des données moyennes qui ne se rencontrent jamais dans la nature, comme dans nos discussions, dégagées de circonstances qui en modifient les résultats. Ces discussions dégénèrent alors en des disputes de mots qui les font ressembler beaucoup trop aux argumentations de l’école. Un de leurs plus graves inconvénients est d’ennuyer le lecteur et de lui faire croire que les vérités de l’économie politique ont pour fondement des abstractions sur lesquelles il est impossible de se mettre d’accord. Entre les sectateurs de Ricardo et ceux de Quesnay, il y a opposition complète de principes. Ceux-ci prétendaient qu’il n’y a de richesse nouvelle mise au monde que le profit du fonds, ou le fermage, qu’ils appelaient le produit net ; les Ricardiens prétendent, au contraire, que le sol ne nous donne pas pour un sou de richesses. Je crains que les uns comme les autres, à force de généraliser, ne se soient également écartés des voies de la nature qui ne nous présente que des phénomènes compliqués, résultats de plusieurs actions combinées, et qui marche à son but, à sa manière, et en dépit des règles qu’il nous plaît de lui tracer. Les économistes de Quesnay déduisaient d’un seul principe(celui quels terre est l’unique productrice) une foule de conséquences qui les conduisaient fort loin de la vérité. Voilà ce qui les a empêché » de se soutenir. Leur dialectique était cependant assez serrée ; elle affectait aussi des formules, des déductions mathématiques, et beaucoup de très-bons esprits s’y étaient laissé entraîner. Cependant, au bout d’un demi-siècle personne ne se présentait plus pour soutenir les doctrines de Quesnay. Je crains que celles de Ricardo sur le profit du fonds de terre n’aillent pas si loin, parce que les questions sont maintenant mieux posées.

Heureusement que les vérités essentielles de l’économie politique ne dépendent pas de quelques points de droit qui peuvent toujours être contestés. Elles reposent sur des faits qui sont ou qui ne sont pas. Or, on peut parvenir à constater un fait et à développer toutes ses