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Page:Say - Œuvres diverses.djvu/316

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COMMENTAIRE
SUR LE COURS D’ÉCONOMIE POLITIQUE
D’HENRY STORCH.


L’utilité publique, seul fondement raisonnable de la légitimité du pouvoir politique[1]. — Jérémie Bentham a fondé la légitimité des lois civiles et criminelles, sur leur utilité ; c’est-à-dire sur ce qui multiplie les satisfactions ou diminue les douleurs de la majorité des êtres humains. La doctrine de cet homme justement célèbre finira par régner seule, parce qu’elle est fondée sur la nature des choses qui ne périt point, et sur l’intérêt de l’humanité que l’on entendra mieux chaque jour. M. Storch, en fondant la légitimité du pouvoir politique sur le même principe de l’utilité, a fait une chose grande et neuve. Il a donné pour base au droit, non des théories vagues et contestées, comme le droit divin ; mais un principe fécond, avoué par le bon sens, et fondé sur des faits susceptibles de preuves ; seule marche qui convienne au siècle dans lequel nous vivons.

La théorie et la pratique[2]. — La distinction de la théorie et de la pratique ne me semble pas fondée sur la nature des choses. Toute science véritable est la connaissance de ce qui est. La science sociale, que l’auteur appelle science de l’État, est la connaissance de la nature des choses sociales, d’où résulte la connaissance des rapports que ces choses ont entre elles, de la manière dont les unes agissent sur les autres : ce qui enseigne l’enchaînement des causes et des effets. Ce n’est pas là une simple théorie, puisque tout est fondé sur l’expérience. Ce n’est pas non plus une pratique, puisqu’il n’y a encore aucune action exécutée en vertu de cette expérience. C’est une connaissance des phénomènes sociaux, comme la chimie est la connaissance des phénomènes chimiques. On peut ensuite faire usage de cette connaissance dans l’art qu’on exerce : dans le commerce, l’agriculture, l’adminis-

  1. Storch, Cours d’Économie politique, t. I, p. 6.
  2. Ibid. p. 11.