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Page:Say - Œuvres diverses.djvu/385

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Ce qui est plus affligeant encore ; l’écrivain cité, à de fausses doctrines ajoute des imputations odieuses, li ose accuser Smith, dont chaque ligne annonce un véritable philanthrope, non moins zélé pour le bien des hommes en général que pour la vérité, de n’être autre chose qu’un fourbe et un hypocrite[1] qui a professé ce que lui-même ne pensait pas, et de l’avoir fait dans le but secret de semer dans l’Europe des principes dont il savait très-bien que l’adoption livrerait à son pays le marché de l’univers. Un homme qui a causé de grands maux à la France, et qui en a été sévèrement puni, récompensa ces odieuses inculpations en donnant à l’écrivain l’un des emplois les plus brillants de l’administration, après celui de Ministre.

Le même M. Ferrier ne s’en est pas tenu là, et, sans doute par des motifs analogues, il a, sous un autre régime, en 1821[2], accusé le même illustre écrivain d’avoir professé à Glascow des principes opposés à ceux qu’il a développés dans son traité de la Richesse des nations ; et il n’en donne d’autres preuves sinon que Smith a fait brûler tous ses manuscrits à sa mort ; démentant ainsi sans raison le témoignage unanime de ses contemporains, et celui de Dugald Stewart, son respectable éditeur, et les lettres qui nous restent de ce grand homme, et la profonde moralité de toute sa vie. La calomnie des morts illustres est une des plus lâches, comme sont toutes les attaques dirigées contre ceux qui ne peuvent se défendre.

  1. De l’Administration commerciale, p. 569-570, édit. citée.
  2. Date de la 2e édition du livre de M. Ferrier. La 1re avait paru sous l’Empire.