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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/104

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cément une propriété commune pour la centaine, en usage pour elle, et la mème chose a lieu pour les divisions encore plus grandes. Celles-ci Gaiien en Allemagne, folk en Angleterre et en Suède, plus tard, shircs en Angleterre, land ou landskap en Suède, où la province de l’L’pland renferme VAattimda- land, le pays de S hundave ou centaines, et le Thindaland, le pays de 10 centaines, Land on Syssel en Danemark, fylke en Norvège) embrassaient d’ordinaire un certain nombre de centaines et conservaient les propriétés qui n’étaient pas de nature à être distribuées entre les divisions les plus petites.

11 est vrai que les centaines ont été des di- visions des plus irrandes tribus et que les vil- lages ont, sans doute, été formés souvent par des groupes d’individus qu’unissaient des liens de famille  ; voyez les noms patrony- miques fréquemment donnés aux villages, et ce que l’on sait sur les diverses nations teu- touiques et sur les peuples d’autres races aryennes, par exemple les geaealogiie, comme sont appelés les petits groupes chez les Ala- mans. Il y a chez les Teutons quelque chose qui correspond à ce qu’étaient les tribus, les curiœ et les gentes chez les Romains et les di- visions analogues chez les Grecs. Même pour les Teutons, on revient probablement pour le commencement de la propriété ou à la tribu ou à la famille plutôt qu’au village ^

1. C’est par les recherches du professeur danois M.O.-C.Olufsen {Bidrag til Oplysning om Danmarks indre Forfatnint) i de aeldre Tider isœr i det 1 3de Aarhundrede, 1 S2 1  ; qui a étudié, dans la première partie de ce siècle, et les anciennes lois et les faits actuels dont il a eu connaissance comme arpenteur, qu'on connaît le mieux la situation véritable de la commu- nauté du village teutonique. Ses travaux ont été utilisés et, en partie, traduits par M. Georg Hanssen, né à Hambourg (l’une famille slesvigeoise, professeur i Gôttingen, qui a traité toutes ces questions mieux qu’aucun autre {Agrarhisto- riscke Abhandlungen, 1SS0-1SS4, etc.). Les anciennes lois danoises, différentes pour les trois parties du royaume, le Jutland ’y compris le Slesvig et, en dehors de la péninsule, la Fionie , la Sélande avec les petites îles, et la Scanie, nous fournissent les informations les plus sûres pour comprendre la véritable situation  ; elles ont été écrites dans le xiu« siècle, mais sont beaucoup plus anciennes. Les lois suédoises, également intéressantes, datent à peu près de la même époque.

Pour la Moselle supérieure, dans la région de Trêves et dans le pays de Siegen, M. Georg Hanssen croyait que les Gehoeferschaften, c’est-à-dire des cultures faites par les paysans en commun avec renouvellement périodique du partage des terres, qui subsistent spécialement pour des propriétés de forêts, ou l’on change périodiquement une cul- ture de quelques années avec une période d’utilisation en forêts et qu’on retrouve aussi dans les Ardennes belges, dans le Hundsriiek et le Eifel en Allemagne ainsi qu’en Norvège, étaient des colonies originales de village  ; le savant M.Lam- precht a pu montrer qu’ils ont été introduits par la coloni- sation et la culture de paysans dépendants sur des pro- priétés des grands depuis le x’ jusqu’au xiv« siècle. On peut encore moins leur comparer les communautés, parfois dites « taisibles -, qu’on rencontre dans les parties les plus pauvres de la France du centre.

Pour les Marks, V. la bibliographie de Classes rurales, et y ajouter von Haramerstein-Loxten, ministre de l’agriculture


3 Chez les Celtes.

Chez les Celtes la situation est différente. On ne connaît pas cette forme teutonique du village dont nous venons de parler  ; au contraire, on y trouve, aussi haut que l’on remonte, la ferme séparée. L’abbé de Clan- macnois écrit vers H 00, dans le livre du Diin Cow, qu’en Irlande, dans le vii= siècle, on pouvait circuler librement, sansrencontrer ni fossé, ni mur. Un ancien poème irlandais, dont on suppose que la matière date du vii^ siècle, raconte pourtant que l’île fut alors distribuée entre 184 clans, Tricha cèds ou «30 centaines de vaches»  ; chaque clan fut divisé en 30 bailes ou toicnlands, dont chacun était supposé, cependant, nourrirnonpas 100, mais bien 300 vaches  ; chaque townland ïui di- visé en quatre quartcrs à raison de 75 vaches par quarter  ; enfin chaque quarter, divisé en 4 ou 6 taies, ou terres nourrissant une famille. Ces divisions de tates, de quartcrs, de fou’/i/’-UîrfSjOntmarquéla carte d’Irlande d’une empreinte qu’elle a conservée jusqu’à nos jours. On suppose qu’il y eu là une disposition générale qui se fit lorsqu’il devint néces- saire, au lieu de vivre de l’élevage des vaches, de cultiver plus sérieusement la terre. La superficie de chaque tate (dont les limites existent encore souvent aujourd’hui), calculée d’après l’étendue des terres cultivables de l’île, peut avoir été en moyenne de 30 acres irlandais, 40 acres anglais ou 16 hectares  ; mais, si l’on tient compte que la part des chefs était plus considérable, il est probable que celte superficie était un peu moindre, et qu’elle n’atteignait qu’une moyenne de oO acres anglais, soit 12 hectares. La « tatei^ correspond à la ferme ordinaire du continent. Deux tates ont aussi formé un seisrigh ou pîoughgate, terre d’une charrue. L’étendue de la tate et du toicnlaiid est doublée dans le Monaghan qui est plus pauvre, de même que la ferme des forêts, Waldhufe, est le double de la ferme ordinaire en Allemagne. Il y a plus de 600 noms de lieux en Irlande qui se se terminent en quarter on ses équivalents  : carroïc, cartron (employé cependant aussi pour de plus petites parties). Ce sont les déli- mitations de ces divisions, mesurant 160 acres ou 640 hectares, qui se retrouvent le plus fa- cilement sur les cartes. Comme superficie, elles se rapprochent du fiyde anglais, la mause, la huba sur le continent. La balle ou toicnland est la superficie qui se rapproche le plus de celle du village teutonique  ; l’étendue des i^^tuath on clans répond à celle descen-

en Prusse. /»<’/• B irdengau, 18G9, et von MiaskowsUy, Die Verfassung der Alpen, Land-und Forstwirlltschaft der dentschen Schweiz, 1878.