Aller au contenu

Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ANCIENNE


— [^-2 —


COLONISATION ANCIENNE


l’homme peut exiger une place pour une maîtresse à côté de la femme légitime, les mœurs n’étaient pas sans soufTrir de la coha- bitation. César dit que la polygamie régnait chez les habitants de la Grande-Bretagne, et les Irlandais semblent, d’après Strabon, avoir eu des mœurs encore plus dissolues et n’avoir eu aucun respect pour les liens les plus sacrés de la famille. Saint Jérôme dit que les « Scoti » pratiquaient la communauté des femmes.

Dans le pays de Galles, le cantrev ou terri- toire du clan (que l’on appelle aussi cenedl, comme cinel, en Irlande, ciniol, en Ecosse, »j en anglais moderne, pour tribu), Leicitlt, était, d’après le code vénédotien ou la loi pour la Gwynedd, dans le nord, partagé en 200 trevs (4 trevs formant un maenol ou mae- naid, 12 îHcreHo/splus 2 trevs supplémentaires formant un ci/nicd ou cornote, dont il fallait donc deux pour former le cantrev). Le trei répond à ce q\i"est le toivnland en Irlande. Il était divisé en 4 garelh  ; chaque gavcU, en 4 randirs  ; chaque randir en 4 tyddhis, qui représentaient ce que les tates étaient en Irlande et la ferme moyenne sur le conti- nent  ; le tyddin comprenait enfin 4 erics ou acres. 11 y avait des villas, propriétés entière- ment séparées en dehors des trevs. Dans le pays de Galles du Sud, le Gwent, le trev était divisé en 4 randirs. Chaque randir contenait un total de 312 erws. Déduction faite du ter- rain employé pour des bâtiments, etc., le frerdansia Galles du Sud contenait 1248a’!rs, correspondant au ^jîf??/aHd irlandais qui con- tenait 640 acres ou, dans les contrées plus pauvres, 1280 acres. Il en résulte, quand on estime la part de terre cultivée, que chaque tyddin ou quart d’un randir contenait, dans le pays de (Jalles du Sud, la même superficie qu’une ferme en Irlande ou ailleurs  ; dans le pays de Galles du Nord, elle était cependant seulement de 5 ou même 4 crirs, sans doute parce que la part, nécessaire à chaque fa- mille, pouvait être là plus restreinte, grâce aux vastes pâturages qui couvraient les mon- tagnes, et qui étaient excellents, notamment sur la grande montagne de Snowden. Dans la situation du pays de Galles, d’après Seebohm, les cultivateurs étaient, dès cette lointaine époque, de petits fermiers laitiers {dairy farmers). Aussi longtemps que vivait le chef de la famille, celle-ci demeurait chez lui  ; les quatre générations formaient ce qu’on appelle un wele [lectus, lit) ou, plus cor- rectement, pour désigner l’ensemble de ces personnes, un welegord. A certains points de vue, on comprenait dans la famille jusqu’au ix^ degré. Chaque jeune homme de condition libre appartenant à la race avait, à partir de l’âge de quatorze ans, le droit de posséder


o erws ou acres, à prendre part à la culture en commun des terres qui jusque-là étaient en friche, et de chasser librement. Il existait des établissements séparés où s’étaient fixés des étrangers et qui n’appartenaient pas au peuple, et d’autres, habités par des hommes de condition servile, et tenus de rendre des services particuliers aux chefs.

Chez les Gaéls d’Ecosse, en y comprenant ceux des îles, on trouvait une organisation analogue  ; les divisions de la terre y présen- taient le iniMne caractère et portaient des noms similaires  ; les chefs y exerçaient la même prépondérance, les liens de famille y étaient aussi étroits. L’ancien pouvoir des chefs, dans les tribus, ou, dans les divisions plus petites (fines ou sejits) a, plus tard, pris un caractère féodal, sous la forme du thanage. Les grands chefs, mormaers, se sont trans- formés en earls  ; les toisechs ou thochachs, en thans. Les clans [clann signifie enfants, des- cendants) s’étaient cependant constitués, tels qu’ils existaient jusqu’à la bataille de Cullo- den (1745) dans les siècles précédents, grâce à un état continuel de petites guerres intes- tines. Sous beaucoup de rapports, le déve- loppement de la propriété avait suivi la même marche qu’en Irlande.

Les terres appartenaient à la tribu, et les chefsouleurs successeurs élus redistribuaient fréquemment les familles dans des localités diverses. Le droit de propriété a cependant subi, plus qu’en Irlande, l’influence des idées féodales et celle de la jurisprudence romaine. Dans les Orcades norvégiennes, les principes féodaux ont simplement transformé les propriétaires en tenanciers.

Dans les Highlands écossais et dans les Hé- brides, les iac/isme», lieutenants des chefs, et le plus souvent de leur famille, jouissaient d’un grand pouvoir  ; parfois même ils s’ap- propriaient le territoire qu’ils administraient, et prenaient le titre de chef. Plus tard, ces tacksmen devenaient de grands tenanciers et servaient souvent d’intermédiaires entre les chefs et les petits tenanciers. Une forme ordi- naire de contrat est celle que l’on nomme steel-bov  :, ou arc d’acier, par laquelle le propriétaire s’engage à fournir le bétail et quelquefois même des outils et des semences  ; elle constitue, dans les Hébrides, souvent un régulier métayage, half-foot, un demi-pied. Des groupes de tenanciers sont souvent diri- gés, dans leurs travaux, par le constahle qui représente le propriétaire. Les divisions des terres sont fréquemment arrivées à ressem- bler à celles qui étaient en usage en Angle- terre. Nous ne parlerons ni des Lothians du Sud, qui avaient le carucate divisé en oxgangs comme en Angleterre, ni du Cailhness du


COLO.