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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/110

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ANCIENNE

portions plus carrées. Ce sont Ui des villages qui ont été évidemment formés par des maîtres, et nous savons aussi que les ducs pouvaient distribuer, dans ces contrées, un grand nombre de fermes possédées par des Celto-Romains. Les conquérants teutoniques, là où, pendant la conquête, ils s’établirent eux-mêmes en grand nombre, détruisirent les villas romaines  ; mais ils gardèrent beaucoup de colons romains, affranchirent des esclaves pour en faire des colons et ils instituèrent, pour ceux-ci et autres hommes dépendants, des villages d’une autre forme que celle où des possesseurs égaux procédaient minutieu- sement à la distribution égale des grands champs communs. Dans les montagnes de la Forêt-Noire, de l’Odenwald, du Spessart ( t de la Forêt bohémienne, la colonisation ne devient générale qu’au xi^ siècle et le système que l’on y emploie est celui des grandes fermes doubles, Waldhufen, groupées le long des routes, mais sans communauté des champs.

Il y a aujourd’hui encore une très grande différence entre les diverses parties de l’Al- lemagne, en dehors de l’ancienne partie slave, selon qu’on y a introduit le système des champs de village, très morcelés, ou celui des fermes séparées, plutôt maintenues comme propriétés distinctes. Dans l’Alle- magne de l’Ouest et du Centre, les terres sont très morcelées par suite de l’ancien système de village, sous le droit frank, de partage égal entre les héritiers, qui prévalait dans la Franconie, le Palatinat, le liesse-Nassau et la plus grande partie de la Province rhé- nane prussienne, ainsi que dans la majorité des régions occupées par les Alamans ou les Souabes, l’Alsace, la Lorraine, la plus grande partie du duché de Bade, du Wurtem- berg et le nord de la Suisse. LaThuringe et la plus grande partie de la Saxe actuelle, y com- pris le sud et l’ouest de la province prus- sienne de Saxe, sont essentiellement sous le même régime. Une partie de la Thuringe présente le système des Wandelackeren ou « terres migratrices », c’est-à-dire où l’habi- tation et les terrains qui l’entourent immé- diatement deviennent la propriété de l’héri- tier principal, tandis que les terres, qui se trouvent plus éloignées de cette habitation, peuvent être partagées. La Marche palatine du Brandebourg (Kurmark), le nord de la province de Saxe et le Lauenbourg offrent un état de transition. Dans le nord-ouest de l’Allemagne, chez les anciens Bas-Saxons, sur la rive droite du Weser, il y a des villages, mais sans partage égal entre les héritiers, et peut-être est-ce une conséquence du climat et du caractère des productions que, dans


— or, — COLONISATION ANCIENNE

tout le nord, on ait maintenu les fermes dans leur plus grande étendue, bien que rien ne s’opposât à ce qu’elles fussent partagées. Le partage n’existe pas chez les Bas-Saxons même là où ils vivent près d’une autre race (dans le Rinteln de la Hesse, par exemple). Les Frisons de l’Oldenbourg et du Hanovre par- tagent la fortune, mais ils ont pourtant d’assez grandes fermes. Tandis que les Souabes du duché de Bade et de \Vurtemberg, ont des terres qui proviennent du morcellement des grands champs des anciens villages et quïl en est résulté, chez eux, la coutume du par- tage dans les cas d’héritage, les paysans de l’ancienne Bavière, Altbajjcrn, ainsi que les paysans allemands des montagnes autri- chiennes, ont principalement, comme cela existe en Westphalie, des fermes séparées et ils ne les partagent pas. Les grandes fermes situées dans les montagnes bavaroises, Einô- dc7i, ne pouvaient pas être divisées, jusqu’au milieu du dernier siècle, époque où le par- tage fut autorisé sous la condition d’une per- mission spéciale  ; mais la coutume de ne pas faire de partages, dans les cas d’héritage, y a subsisté, et la même chose a lieu pour les grandes fermes, Hofoiiter, de la Forêt-Noire, dans le Wurtemberg et le duché de Bade. Tout cela, ce sont des divergences qui don- nent un caractère particulier à tout l’état social et, par là aussi, à la politique rurale, même dans les législations modernes ’.

5. La colonisation teutonique en Angleterre.

En Angleterre, Erwin Nasse, le savant professeur de Bonn, causa un vif étonnement en démontrant, par un livre sur la com- munauté de village, l’identité de l’ancien état rural anglais avec celui de l’Allemagne. Récemment plusieurs auteurs, et spéciale- ment M. F. Seebohm, sont, au contraire, arrivés à regarder la communauté anglaise de village, qui a laissé des vestiges pratiques encore existant de nos jours et qui était en- tièrement en vigueur, dans une grande partie du pays, au milieu du siècle dernier, comme beaucoup plus ancienne, d’origine romaine et même antérieure.

On s’efforce maintenant de prouver que le système des champs communs de village

1. Justus von Moesor, Patriotische Plmntasien, 1778, etOs- nnbrnckische Geschidite  ; — A. von llaxthausen, Ueher die Aijravverfassung in dem Farsletithum Paderborn und Cnrvey, 1829  ; — A. F. G. Scbaumann, Geschiclite des nie- ilersachsischen Yolks, 1839  ; Zur Geschichte der Erobe- rniig Enylands, ISSo  ; — Schwerz, Deschreibung der Land- icirtlmchaft in yVestphalen, 1S3G  ; — f’Iusieurs traités dans Schriften des Vereins for Socialpolitik et dans SchmoUers l’orschungen  ; — A. Meitzen, Das deutsche llaux in xeinea volkswirthschaftliehen Formen mit Karte und Abbildungen, 1SS2  ; — R. Henning, Das deutsche Jlaus in seiner hisloris- chen Fntwickelung, 1882.


Col.