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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/111

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ne fut pas étal)li par les Anglo-Saxons  ; ils n’auraient fait que reprendre les fcimcs et la i-ullure telles qu’ils les avaient trouvées. Il laul considérer comme résultat d’un déve- hi|ipemeut antérieur à leur venue le système des fermes séparées qui a toujours existé dans le Kent (de là ces noms fri-qucnts de lieux avec, pour terminaison, le mot qui sipnilie ferme, Vnianl dans le Xord, ijuvlli en Kent), partie du pays qui était occupée par une trilui l)el  ;.’e. Mais ce qu’il faudrait savoir, c’est d’où proviennent les grands champs de village dans la plus grande partie de l’Est et du Centre, tandis que dans la partie cel- tique de rcJuest, on rencontre un autre sys- tème de fermes séparées avec prépondérance des pâturages. Une des preuves que ces grands champs sont antérieurs aux Anglo- Saxons serait que l’on a employé, en Angle- terre, depuis l’ancien temps, l’assolement triennal, le froment, l’orge ou l’avoine et la demi-jachère  ; en Allemagne ou dans le Slesvig, d’où sont venus les Anglo-Saxons, on n’a adopté ce système que beaucoup plus tard.

En vérité, il n’y a que des preuves très peu convaincantes que l’origine du système de village remonte à une époque aussi ancienne, et, si leurs prédécesseurs ont exagéré l’in- iluence des conquêtes teutonique et danoise, ces nouveaux auteurs vont, de leur côté, trop loin en faisant remonter ce système à une époque aussi éloignée. Les véritables contributions à notre connaissance, appor- tées par M. Seebohm et par ceux qui le suivent, ont plutôt trait au caractère social sous le régime de la communauté de village, tel que nous le trouvons chez les Anglo- Saxons. Il est certain que les conquérants anglo-saxons n’ont pas détruit ou chassé partout l’ancienne population dans la même mesure  ; les contrées de l’Ouest, où Ton ne trouve pas le système de village aussi répandu, en portent témoignage. On ne sait réellement que très peu de choses sur la situation éco- nomiijue qui régnait à l’arrivée des Anglo- Saxons. Il est probable que la communauté de village était connue avant leur conquête  ; mais il y a eu aussi dès avant cette époque des colonies teutoniques  ; ainsi, parexem[de  : celles qui avaient été formées par des légions romaines composées de Teutons  ; et, en dehors des Kymris et des Gallois de l’Ouest, tout ce que l’on sait de la civilisation et île l’ethno- graphie de lapopulalionantérieure, du grand peuple des Loegriens ou des Iceni de Boadicea, par exemple, est bien douteux.

Il est encore moins prouvé, pour la seconde partie de la nouvelle théorie, que la commu- nauté ait toujours été formée par îles paysans dépendants, des serfs  ; c’est seulement par

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là, prétend-on, que pourrait s’exi)liquei- l’étendue égale des fermes et d’autres parti- cularités. Il est curieux que Fustel de Cou- langes, qui prétend arriver aux mêmes con- clusions, en ce qui concerne la dépendance, se place à un point de vue contraire (juaut à répo(pie (iii furenlétablies les communautés. Tandis que Seebohm les suppose antérieures même aux Komains, lui, au contraire, essaie de tirer ses arguments d’une constitution tardive des villages, au xii« siècle. Eu général, Seebohm tire trop facilement des conclusions de cas spéciaux, en faisant, par exemple, delà coopération eu labourage, que l’on sait avoir existé dans le pays de Galles, une règle gé- nérale pour l’An^^leterrc  ; il agit de même en ce qui a trait à la liberté personnelle dans les communautés de village. Si Seebohm et Fustel de Cou langes ont pu détruire l’ancienne théorie trop absolue de communautés de village formées par des hommes égaux et libres, ils n’ont guère, d’autre part, établi eux- mêmes qu’il y ait eu une règle contraire. Les faits bien connus et incontestables des pays Scandinaves et aussi de l’Allemagne prouvent qu’il y a eu à la même époque des commu- nautés d’hommes libres qui étaient proprié- taires. La colonisation qui se fait par des hommes libres et égaux est même une con- séquence nécessaire de l’ancienne méthode de guerre où les hommes combattaient à pied, homme contre homme. Plus tard, lorsque l’état féodal est devenu presque universel, la communauté paysanne est une partie du système de dépendance. Mais, à l’origine, nous savons que, dans les pays purement teutoniques, la grande masse des hommes étaient libres et essentiellement égaux. Or, nous ne pouvons pas nous imaginer que la communauté, avec ses traits tout à fait démocratiques, soit née d’une autre manière. Au contraire, la situation est très bien définie par M. Paul Vinogradof, quand il compare la communauté, sous les seigneurs féodaux, aune mer glacée  ; le mouvement a cessé, mais la surface des vagues congelées prouve qu’il y a eu un mouvement antérieur et révèle, à l’origine, des établissements fondés par des hommes libres et égaux. C’est le cas en Angleterre comme dans les autres pays plus ou moins teutoniques. Sans doute, il y a eu là, de bonne heure, comme dans la plupart des autres pays, des villages composés d’hommes libres et d’hommes dépendants (Voy. Classes RURALES).

L’ensemble du tableau que présente une carte de l’Angleterre, si on l’envisage au point de vue des villages ou des fermes séparées, montre que celles-ci ne se trouvent que dans le Kent et plus à l’ouest sur une