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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/139

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DIT AGRICOLE


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CRÉDIT AGRICOLE


conliaircs à la rapide circulation des capi- taux nécessaires à la banque, (jui est appelée à escompter le papier en provenant  ; 2° par- tout oîi la pratique du crédit agricole s’est établie (avec plus ou moins d’efficacité), ce crédit a toujours revêtu la forme d’avances sur des valeurs réalisables à aussi brève échéance que possible  : il y a un gage visé dans chaque opération d’avance dont la traite mise en circulation ne porte cependant la trace qu’exceptionnellement. Ainsi orga- nisé, le crédit agricole reste du crédit réel, mais la constitution du gage n’étant pas faite expressément, il se confond avec le crédit purement personnel dont il ne diiïére guère (jue par des nuances.

Un troisième fait qui ne découle pas directement des deux précédents, mais qui n’en garde pas moins une importance de premier ordre, ainsi qu’on le verra dans les ciuelques détails qui vont suivre, est le sui- vant  : le crédit agricole mobilier semble réservé surtout aux petites opérations d’avances ou de garanties, il est consenti plus facilement, plus simplement par des caisses de prêts qui opèrent dans un petit rayon, la commune, le canton. Dans cette sphère d’action limitée, il est possible de mieux connaître la consistance morale et économique des emprunteurs donl la véritable situation ne peut faire de doute  ; il est de plus très aisé de contrôler et de suivre sans surveillance inquisitoriale l’emploi des som- mes avancées, comme aussi d’empêcher que la garantie sur laquelle on peut compter ne disparaisse par fraude.

4. La mutualité et le crédit agricole.

La solution de la création du crédit agri- cole réside malgré tout dans la liberté. Le crédit, la confiance, ne se décrètent pas. Les efforts dispersés, dus à l’initiative privée, ont donné des résultats sérieux que l’initiative ofticielle a été iini)uissante à stimuler.

Quand il s’agit d’un emprunt important, remboursable à longue échéance, le prêteur exige des garanties matérielles, l’emprunteur se soumet aisément à des formalités légales, consent à l’hypothèque  ; mais les grosses opérations de crédit sont rares dans l’indus- trie agricole. Pour les opérations ordinaires de la culture les mouvements de fonds sont toujours assez limités, si on les compare à la valeur du capital foncier engagé, et alors la constitution d’un gage serait une entrave gênante  ; les engagements personnels tou- jours d’assez courte durée suffisent. C’est dans la pratique de la mutualité, avec la forme coopérative, que le crédit agricole a trouvé sa meilleure solution jusqu’ici. De


petites banques locales de types très divers qui desservent, la plupart du moins, aussi bien la petite culture que la petite industrie, se sont organisées en différents pays, et ont rendu de très grands services. .\ous ne vou- lons pas entrer ici dans la description du fonctionnement des banques d’Lcosse et de Jersey, des banques populaires d’Allemagne, Scliultze-Delitsch et Uailleissen, des caisses rurales italiennes, de Leone Wollenborg, do celles de la Haute-Italie qu’a décrites Léon Say, et de tant d’autres, imitées des unes ou des autres, qui ont été créées en Helgique, en Russie, en Autriche et ailleurs ^ Partout on les signale comme ayant contribué à répri- mer l’usure et à améliorer la situation des petits ouvriers et des petits cultivateurs. Elles n’ont cependant pas été favorablement accueillies en France, et c’est à peine si l’on en signale quelques exemples à Angers et à Senlis.

N’oublions pas de mentionner ici cepen- dant la caisse de crédit mutuel de Castellar jnès Menton, organisée en 1893 sur la triple base de la solidarité illimitée de tous ses membres, l’absence d’actions et de dividendes et l’indivisibilité du capital.

Le type qui a prévalu dans notre pays n’admet pas la solidarité de tous les membres de l’association coopérative qui a pour objet le crédit mutuel. Il prend la forme de la société anonyme à capital variable, dans laquelle la responsabilité de chacun est limitée à son apport à la caisse de crédit.

Les débuts ont été pénibles, indécis, non que les échecs aient été nombreux, mais parce qu’on innovait, on cherchait une voie nouvelle, c’était l’organisation pratique qu’il fallaittrouver. Le principe syndical— qui date, dans l’application à l’agriculture, de 1883 — ayant été consacré délinitiveracnt dans notre législation par la loi du 21 mars 1884, est venu fort à point donner une base solide au crédit mutuel. La facilité de surveillance dont peuvent disposer les syndicats agricoles sans grever leur budget, leur permet de pra- tiquer le crédit sans qu’ils aient à se préoccu- per de se réserver un privilège quelconque. L’agriculteur est toujours soucieux de sa réputation au village  ; il ne peut se dérober aux jugements de l’opinion publique  ; et il peut encore moins liquider rapideruent au cas où il serait tenté de mal faire.

La grosse difficulté à surmonter pour toute association de crédit mutuel, a été de se pro-

1. Voir divers articles du Dictionsaire  : Coopébation, Banqdls populaires, Crédit agricole, Sociétés cooi’ébatives, et, en outre, F. Couvert, Les entreprises agricoles, ch. xxiii, et le crédit agricole au Congrès international de i8ti’,>, par le même {Annales agronomiques, 1890).


CRÉ