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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/19

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1)L’ TUA V AIL — o


A.NAllCIIIi :


de IKlat, comme dans les pays ponnaiiiques, ou s’ils devront, à la suite de ciiaquc ac- cident, verser dans une caisse dl-ilal, par exemple à la Caisse dos dépôts, le ca- pital nécessaire pour servir la rente due. Comme les indemnités seraient en propor- tion du salaire, il y aurait là pour notre industrie une ciiarge nouvelle et bien plus lourde que la charge imposée de ce chef aux industries allemande et autrichienne ; or nos impôts sont déjà plus lourds et nous avons à lut ter à l’étranger sur les mêmes marchés. Puis on ruinerait du coup les institutions patro- nales (V. Patronage) qui, en nombre d’en- droits, secourent les ouvriers blessés, comme par exemplecetle caisse fondée en 1891 parle L’omit ij lies forges de France qui, deux ans après, soit en 1893, comptait 38 établisse- ments occupant plus de o’J 000 ouvriers, les- quels touchaient plus de 04 millions de francs de salaire. Elle paye des indemnités aux ouvriers blessés et prend, pour empêcher les accidents, des mesures de toutes sortes qui ne sont pas sans efficacité. C’est spontanément aussi que nombre de patrons assurent leurs ouvriers à des Compagnies ordinaires. Il arrive souvent alors qu’ils demandent aux ouvriers de verser une partie de la prime, mais aussi l’indemnité promise par la Com- pagnie est due dès qu’il y a accident.

11 faudraitrappeler aussi ces «Sociétés pour la préservation des accidents » qui groupent de nombreux chefs d’industrie associés pour chercher les meilleurs moyens de prévenir les accidents et pour appliquer ensuite ce qui aura été reconnu utile. Les mesures prescrites sont mieux observées que ne le sont en Allemagne les mesures similaires ordonnées par les corporations. Sans doute ces institutions ne comprennent encore qu’une faible partie des industriels français, mais elles sont récentes et il leur faut le temps de se répandre- Une loi d’obligation les détrui- rait.

Cette loi nuirait donc à notre industrie nationale et par suite à nos ouvriers  ; elle ne feiait qu’accroître le nomitri- des fonction- naires, parce qu’il faudrait créer de nouveaux rouages, qu’accroitre aussi la puissance du gouvernement en le mettant dans les affaires des particuliers ; elle serait en somme un gain pour le socialisme d’État.

Hubert-Vallerolx.

Bibliographie.

Elle e ;f très abondante en articles de revues, brochures, documents parlementaires, etc. Outre les sources citées dans l’article du I)iltiu>naibe, on trouvera l’indication des prin- cipeles dans le chapitre de mou dernier ouvrage qui traite cette question  : Du contrat de travail, par P. HcBKRT-ViLLE- Bocx. Paris, 1895. in-S».


ANARCHIE ET ANARCHISTES.

SOMMAIRE

1. Philosophie politique de 1 anarchie.

2. L’anarcliisme communiste.

3. La morale anarchiste.

4. La propagande par le fait.

5. Histoire du parti anarchiste.

6. Psychologie des anarchistes.

7. Une colonie anarchiste. Bibliographie.

A côté du mouvement socialiste, commun à tous les pays civilisés, se produit un mouvement anarchiste dont les partisans, beaucoup moins nombreux, se signalent par leur ardeur sauvage. L’anarchisme révolu- tionnaire a la même origine que le socia- lisme démocratique  : ses théoriciens étalent avec le même pessimisme les souffrances de la classe ouvrière dont ils rendent la so- ciété actuelle responsable  : ils s’accordent de même à voir dans l’opposition du travail et du capital, de la rente et du salariat, dans l’excès de production et les crises qui en n’-sultent, les causes de l’appauvrissement des masses, lésées contre toute justice, pour l’avantage exclusif du petit nombre. Ils affir- ment pareillement que la société actuelle ne peut être améliorée sur la base de la so- ciété privée, qu’il faut la détruire au ras du sol et lui substituer un ordre entièrement nouveau  :

Magnus ab integro sxclorum nascitur ordo...

Mais ils diffèrent du tout au tout sur la mé- thode et la tactique de bouleversement et sur l’organisation la société future.

1. Philosophie politique de l’anarchie.

Socialisme et anarchisme reflètent et ex- priment, en les poussant jusqu’à l’absurde, deux tendances contraires dans la théorie et la pratique de l’État moderne, celle de l’école autoritaire et celle de l’école libérale. La tendance socialiste est de dépasser la socialisation naturelle de la vie qu’apporte déjà avec soi toute forme d’État, et de ré- duire de plus en plus la sphère d’action et de puissance de l’individu. Mais au socia- lisme s’oppose déjà une extrême doctrine individualiste, qui revendique l’entière indé- pendance de la personne, l’absence de toute organisation sociale obligatoire, l’abolilion de toute loi, et qui prétend régénérer la société par l’alomisme du bon plaisir individuel.

Le socialisme est la critique de l’État actuel, l’anarchisme est la critique du socia- lisme, c’est-à-dire la critique de la critique.

Les théoriciens socialistes répudient il est vrai toute solidarité de principes avec les partisans de l’État autoritaire, ils font pro-


ANARCHIE