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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/280

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ils pas eu cette conviction que la publication périodique des produits des impôts en excédent la leur donnerait. Et elle se traduit chez tous par des demandes de crédits supplémentaires considérables.

Ces crédits constituent ainsi un second budget. La comptabilité se trouve compliquée. On n’est plus assuré de l’équilibre. Ces excédents magiques, encaissés chaque année, semblent destinés à être le gage des crédits supplémentaires, les ministres sont débordés, les Chambres entraînées  ; et il arrive que, malgré d’énormes plus-values, le budget se solde en déficit.

Si l’on joint à cette mauvaise confection du budget que les ministres déposent les comptes quatre ou cinq ans après la clôture de l’exercice  ; que la Chambre ne consacre au règlement définitif des budgets que des bouts de séance  ; que les comptes de finances sont apurés au bout de dix ou onze ans  ; que les députés, envahis par les affaires du jour, ne sont pas à même de puiser pour l’avenir un enseignement dans des comptes rendus financiers remontant si haut, on comprendra l’utilité de la réforme que M. Léon Say fit adopter, en 1882, pour la préparation du budget de 1883.

Son procédé rapproche beaucoup les évaluations de la vérité. Les recettes, fixées à un chiffre relativement exact, peuvent être opposées comme une digue à l’envahissement des crédits supplémentaires  ; dès lors, la comptabilité plus facile permet un contrôle plus efficace  ; et en même temps le ministre des finances a un argument commode et spécieux pour repousser toutes les demandes de dépenses nouvelles, en s’appuyant sur la prétendue diminution de la richesse publique, laquelle n’a pas pour cela baissé d’un centime.

Après cette indication trop rapide de ce qu’a accompli ^L Léon Say, il faudrait encore  :

Montrer l’intluence qu’il a exercée sur l’éducation économique du pays, tant par ses discours où il a semé à profusion — certains députés auraient même pu dire à satiété — les idées les plus justes sur les conversions, les emprunts, l’amortissement, les impôts, que par ses livres, et par son enseignement à l’École des sciences politiques, où il fut, pendant quelques années, professeur titulaire, et, pendant plus loniitemps, directeur d’études du groupe financier  ;

Indiquer son rôle dans des questions (également d’ordre financier, mais où déjà un autre élément apparaissait, l’élément social) comme la question de l’alcool, dont il s’occupa si activement soit comme député, soit comme président de la commission extraparlementaire  ;

Exposer ses idées sur l’impôt foncier, qu’il voulait ôter à l’État pour le restituer aux communes et aux départements, et sur le cadastre, dont il a présidé avec tant d’intérêt personnel et tant d’autorité la grande commission au ministère des finances  ;

Marquer son influence sur l’étude des questions sociales  ; tracer nettement le chemin, je ne dis pas isolé, mais distinct, qu’il suivait également loin et des socialistes de toute dénomination, et des disciples de Le Play et des adversaires intransigeants du patronat, et dont on retrouve l’orientation dans son Rapport sur rE.rposition sociale à l’Exposition de 1889, et dans les Procès-verbaux de la Commission du travail, dont il fut, durant ses dernières années, le président assidu.

Tout cela dit, nous n’aurions pas tout dit encore. Mais nous aurions grandement dépassé le cadre de cet article. Avec ce qui précède et avec la bibliographie que nous donnerons plus loin, on aura un aperçu suffisant de l’ampleur de l’œuvre de M. Léon Say et de l’action puissante qu’il a exercée comme homme d’État, comme écrivain, comme professeur. Ce n’est pas ici le lieu de dire ce qu’il a été comme homme, comme maître et comme ami.

Joseph Chailley-Bert.

Bibliographie.

Histoire de la Caisse d’escompte (1TT6 à 1793), in-8’, 53 pages. Reims, P. Régnier, 1848. — Observations sur le système financier de M. le Préfet de la Seine, in-S», 04 pages. Paris, Guillaumin et C’*, 1865. — Examen critique de la situation financière de la ville de Paris, in-S", 160 pages. Paris, Guillaumia et G’* et Dentu, 1866. — Théorie des changes étrangers, par G.-J. Goschen. Traduction précédée d’une préface, i" édition. Paris, Guillaumin et G’’, 1866. — 2* édition, suivie du Rapport fait le 3 avril 1874 à l’Assemblée nationale, par M. Léon Say, au nom de la Commission du budget de 1875, sur le payement de l’indemnité de guerre et sur les opérations de change qui en ont été la const^- r/uence, in-S", 287 pages. Paris, Guillaumin et C’^, 187.ï. — 3’ édition, avec une préface nouvelle, in-S», 349 pages. Paris, Guillaumin et C<\ 1892. — La ville de Paris et le Crédit foncier. Lettres à MM. les membres du Corps législatif, in-S", 16 pages. Paris, Guillaumin et C" et Dentu, 1808. — La comptabilité des finances publiques. Conférence faite à >’erville le li octobre 1869, in-l^, 30 pages. Imprimerie centrale des chemins de fer, Chaix et C", 1869. — Mémoire présenté par M. le Préfet de la Seine au Conseil municipal de Paris. Emprunt de liquidation, in-t". Paris, imp. de Mourgues, 1871. — Mémoire au Conseil municipal sur la situation de la dette, iu-4», Paris, impr. de Mourgues, 1872. — Mémoire du préfet de la Seine au Conseil municipal de Paris. Dommages de la guerre et de l’insurrection, ia-i’. Paris, impr. de Mourgues, 1872. — Mémoire du préfet de la Seine au Conseil général du département de la Seine (30 septembre 1872). Dégâts causés par la guerre, in-4». Paris, impr. de Mourgues, 1872. — Mémoire au Conseil municipal de Paris (octobre 1872). Emprunt de consolida- tion de 33 millions de francs, in-4o. Paris, imp. de Mourgues, 1872. — Note pour la Commission des finances du Conseil municipal de Paris, in-4"’, Paris, imp. de Mourgues, 1872. — Mémoire supplémentaire au Conseil municipal de Paris.