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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/284

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leur fassent redouter la guerre et désirer la paix. Chacun sera du reste libre de jouir à sa guise du fruit de son travail et même des douceurs [deliciis  ; que celui-ci rappor- tera, à la condition de ne pas verser dans des excès nuisibles à la santé. Les ressources nécessaires aux dépenses de l’État ne seront pas levées directement sur les sujets, mais sur les villes en raison de leur importance  ; les autorités locales ou bien assigneront sa quote-part à chaque habitant d’après un recensement [census] ou — ce qui serait beaucoup plus équitable au dire de Spinoza — elles établiront des impôts [vectlgaUa) à cet effet [Tract. poL, chap. ix, art. 8^. Il serait intéressant de découvrir le sens exact que Spinoza attache ici au mot vectiQal  ; s’agit-il d’impôts sur la consommation, en d’autres termes de l’accise précisément in- troduite au XVII’’ siècle aux Pays-Bas, ou bien a-t-il employé ce mot dans son accep- tion de synonyme d’impôt en général? Dans


tous les cas, il importe de noter cette préfé- rence pour les impôts de répartition, tout au moins au second degré de la perception.

Sur le sujet de la population, Spinoza, comme l’immense majorité de ses contem- porains, envisage comme un bien en soi tout accroissement de la population. Parlant de la taxe d’admission au droit de cité  : <( Quand bien même, ajoute-t-il, les chi- liarques auraient, par esprit de lucre, admis un étranger au-dessous du prix légal, il n’en peut résulcer pour l’État aucun détriment. Au contraire, il est bon de trouver des moyens pour augmenter le nombre des citoyens et avoir une grande affluence de population. » (Traité politique, chap. vi, art. 32.)

E. Castelot.

Bibliographie.

M. Laspeyres a résumé les coaceptions économiques de Spinoza aux pages 21-24 de sa Gesch. de." vollcswirthschaft- lichen Anschauungen der Niederlànder zur Zeit der Re- publili (Leipzig, 1S63}.


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WEST (Sir Edward) [1783-1828], fit ses études à Oxford et mourut grand juge [Chief Justice) à la cour suprême de Bombay.

Dans la préface de son Ess^ai sur l’influence qu’exercent lea bas prix du blé, Ricardo écrit  : « En 1815, M.Malthus, dans ses Recherches sur la nature et le déDcluppement de la rente, et un agrégé d’University Collège à Oxford, dans son Essai sur l’application du capital à la terre, ont à peu près simultanément exposé la doc- trine exacte de la rente ». Cet agrégé d’Uni- versity Collège n’est autre que West, dont l’Essai, publié avec cette seule désignation d’auteur, ne précéda que de quelques semai- nes celui de Ricardo. Dans ce travail, qui a pour titre complet  : Essai sur l’application du capital à la terre, suivi d’observations démon- trant qull est impolitique de restreindre forte- ment l’importation des grains et que la prime de 1688 n’en a pas fait ba’isser le prix, West énonce dès le début, comme principe, que, « au cours de toute amélioration de la culture, la production devient progressivement de plus en plus onéreuse  : en d’autres termes, le rapport du produit net au produit brut de la terre va continuellement s’amoindris- sant... Toute quantité de travail égale et additionnelle appliquée à l’agriculture donne un moindre rendement et, par suite... la somme totale du travail appliqué à l’agricul-


ture, à mesure qu’elle s’améliore, donne de même un rendement proportionnellement moindre ». West est donc un des initia- teurs de la fameuse loi des rendements agri- culturaux décroissants (law of diminishing re- turns], que iMalthus et liicardo ont lancée dans la circulation scientilique. De plus, il affirme dans ce même Essai que « la pro- gression décroissante des rendements des portions additionnelles de capital fournit la mesure et constitue presque la cause unique de la rente foncière ». Il en donne pour raison que si ces rendements n’allaient pas en décroissant, le produit a tirer d’une pièce de terre serait illimité et qu’on n’aurait jamais songea mettre en culture un sol de qualité inférieure. Or, le prix du blé qui a coûté le moins cher à produire se vendant au même prix que celui dont le coût de re- vient est le plus élevé, et le fermier ne tirant de son capital qu’un profit calculé au taux moyen des profits, il en résulte que le pro- priétaire encaisse, sous forme de rente, tout le profit additionnel afîérenl au blé qui a été obtenu avec une moindre dépense.

West n’est d’ailleurs pas le premier qui ait mis en lumière l’origine de la rente  ; bien avant lui, un agronome écossais, James An- derson (1739-1808), avait, dans une brochure parue en 1777 et intitulée Observations sur les


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