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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/283

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SIMNOZA


qu’elles tlt)iviiii avuir ft i|iio nos lois liur refusent. On le voit, rien n’est i)lus (•loi  ; ;né il la fois lie la durcie et de [’iiulinv-renccdans les paiticuliers et du des|i(jtisnie d’Klat. Telle est la docirinc des cullioliques dont nous jiarlons.

HlBiOnr-VAI.LKROLX.

SPINOZA , Benoit) :iG32-l077j. — Lixis- tence studieuse et retirée du père du pan- théisme contemporain est connue, et nous pouvons aborder, sans plus de préambule, l’exposé de ses idées sociales et politiques, telles qu’il les énonce dans son TracUttu^ithco- logico-politicu^ (1670, et dans son Tradatus politiciis, demeuré inachevé, et qui, comme VÉthique, ne fut publié qu’après la mort de leur auteur. On sait que le Traclutus theolo- gico-politicus, énergi(iue plaidojer en faveur de la lilierlé de la pensée et de la parole, déchaîna un orage tel qu’il dégoûta Spinoza de la publicité et que le Traité ne circula plus que sous des titres et avec des noms d’emprunt.

La théorie politique de Spinoza procède du même principe que sa métaphysique  : « La puissance de la nature, c’est la puissance même de Dieu, qui possède un droit souve- rain sur toutes choses  ; mais comme la puis- sance universelle de toute la nature n’est autre chose que la puissance de tous les individus réunis, il en résulte que chaque individu a un droit sur tout ce qu’il peut embrasser ou en d’autres termes que le droit de chacun s’étend jusqu’où s’étend sa puis- sance... Tout ce qu’un être fait d’après les lois de la nature, il le fait à bon droit. » (Traduction Em. Saisset, vol. II, p. 200-201). C’est en vertu du droit naturel que les gros poissons croquent les petits. Mais dans cet état de nature, la crainte est partout et la sécurité n’est nulle part  ; pour lui échapper, « les hommes ont compris qu’il fallait s’en- tendre mutuellement, renoncer à suivre la violence de leurs appétits individuels et se conformer de préférence à la volonté et au pouvoir des hommes «.Telle est donc l’origine du droit de l’État, droit qui, se substituant au droit naturel, ne l’anéantit cependant pas. Spinoza insiste pour faire remarquer que, sur ce point, il se sépare de llobbes et que sa théorie ne se confond pas avec celle du philosophe anglais. Ce pouvoir de l’État, dépositaire des droits de tous les indi- vidus, n’a comme le leur d’autre limite que celle de sa puissance  ; mais « l’État, pour s’ap- partenir à lui-même, est tenu de conserver les causes de crainte et de respect... et son droit ayant pour définition et pour mesure la puis- sance commune de la multitude, sa puis-


sance et son droit tliminuent d’autant plus que l’Ktal lui-même fournit à un plus yrand iiOMibie de citoyens des raisons de s’associer dans un commun grief ->. (Tractatus politkus, ihaiL IV, art. i, et chap. m, art. !>.  ; Spinoza |)iéfère la démocratie à l’aristocratie et à la monarchie  : « car dans cet état, p<-isonne ne transfère à un autre son droit naturel au point de ne pouvoir plus délibérer à l’avenir  ; il ne s’en démet qu’en faveur de la société tout entière, dont il est une des parties ». {Traité thcoloQl<iuc polilhiue, trad. Saisset, II, p. 259.) Cette préddection ne l’empêche pas de reconnaître que toutes les formes de gou- vernement, pourvu qu’elles garantissent la paix et la sécurité, sont bonnes et doivent être approuvées. « La fin générale de l’État, c’est la paix et la sécurité de la vie. Par con- séquent, le meilleur Étal, c’est celui où les hommes passent leur vie dans la concorde et où leurs droits ne reçoivent aucune atieinte. » (II, p. 380.) Il a, d’ailleurs, soin d’expliquer que la soumission qu’il recommande est une soumission réfléchie et non pas l’esclavage qui règne en Turquie.

Dans ces deux Traités nous ne rencontrons que deux ou trois énonciations d’opinions d’ordre à proprement parler économique. Tandis que llobbes, excipant de la position unique du pouvoir souverain, lui interdit l’accès de la propriété, Spinoza demande, au chapitrevii, article 12,deson Traite politique, que « les champs et tout le sol et — s’il est possible — que les maisons elles-mêmes appartiennent à l’État, c’est-à-dire à celui qui est dépositaire du droit de l’État, afin ({u’il les loue moyennant une redevance annuelle aux habitants des villes et aux agriculteurs ». La raison qu’il en donne un peu plus loin (article 16), c’est que « dans l’état de nature, il n’est rien que chacun puisse moins reven- diquer pour soi et faire sien que le sol et tout ce qui adhère tellement au sol qu’on ne peut ni le cacher, ni le transporter. Le sol donc et ce qui tient au sol appartient essen- tiellement a la communauté, c’est-à-dire à tous ceux qui ont uni leurs forces ou à celui à qui tous ont donné la puissance de reven- diquer leurs droits ». Il est vrai qu’à cette condition Spinoza est disposé à exonérer les citoyens de toute autre contribution, du moins en temps de paix, mais il ne -’explique pas sur l’élévation de la redevance à exiger d’eux. Peut-être n’a-t-il pas été uniquement déter- miné par la considération du droit de pro- priété de la collectivité à l’état de nature, mais aussi par le désir de voir les citoyens se vouer à des affaires commerciales « im- pliquées les unes dans les autres », qui les unissent par les liens de la solidarité et


WEST