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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/48

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une révolution sociale, de détruire les insti- tutions de l’inégalité, de fonder l’égalité éco- nomique et sociale de tous, et d’élever sur cette base, la liberté, la moralité et l’hu- manité solidaire )’.

S. Balachovsky.

Bibliographie.

Les prétendues scissions de l’ Internationale  ; l’Alliance de la Démoa-atie socialiste et l’Alliance internationale des travailleurs.

BANDINI (Antonio), né à Sienne en 1677 d’une famille patricienne, entra dans les or- dres, après avoir géré pendant quelques années les domaines que sa famille possédait dans la Maremme toscane. Cette région maré- cageuse, qui s’étend entre l’Apennin et la Méditerranée, déjà mal partagée par la na- ture, souffrait en outre de la manie de la réglementation et de l’interdiction d’exporter ses grains, qui pesait sur elle. Dans son Discor :>o Economico écrit en 1737, qu’il soumit en 1739 au grand-duc de Toscane, et qui ne fut imprimé pour la première fois qu’en 1773, après la mort de l’auteur, Bandini expose les remèdes qu’il recommande  : « 11 est, écrit-il, des maladies qui ne se guérissent que par le grand air et les médecins le prescrivent après avoir essayé de médicaments reconnus inutiles ou nuisibles. C’est le remède que je propose d’essayer sur le corps languissant de la Maremme  : laissons agir la nature, n’ayons recours qu’à un petit nombre de lois et que celles-ci soient simples et à la portée d’un peuple de pasteurs et d’agriculteurs ». Ces terres fertiles abandonnées et rede- venues sauvages, où même le bétail ne vient plus pâturer, ces vignes délaissées, ces oliviers redevenus sauvages, ces habitations croulantes n’ont pas pour cause des opéra- tions militaires, mais des opérations civiles ; non pas des désordres, mais un excès d’or- dres, non pas un excès d’injustices, mais un excès de justice et un trop grand nombre d’hommes employés à tout vouloir régler... Il suffira que ceux qui gouvernent, n’entra- vent pas la nature  ; qu’ils la laissent faire  : elle agira d’elle-même. •>■>

Bandini, un des premiers avocats du Laissez faire, est pénétré, comme les physiocrates, de l’importance primordiale de l’agricul- ture. Pour lui, elle constitue la source de toute prospérité et doit pouvoir librement pousser ses racines malgré « le tumulte que tous les autres arts font contre elle... La prospérité des artisans et des marchands, comme la prospérité générale, sont toujours inévitablement liées à celle de l’agriculture : la prospérité commune s’y rattache et en dé- pend. )) Ce qu’il veut pour elle, c’est la li-


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l>orté de l’exportation  : « Notre gouvernement avait pour coutume de ne pas s’occuper des prix et d’autoriser la libre sortie des grains par la voie maritime, quitte à en faire venir de l’étranger quand les besoins l’exigeaient : cette coutume étaitplus profitable que toutes nos industries à la mode nouvelle. » S’il ne parle pas des classes stériles, comme le feront plus tard les physiocrates, il réagit avec eux contre les entraves mises à la liberté du commerce des grains. Il n’est pas permis de dire que Bandini a pu leur servir d’inspirateur, puisque ces écrits n’ont été livrés à la publicité que plusieurs années après ceux de Quesuay, mais il n’en demeure pas moins un des émules de ce dernier  : une fois de plus nous voyons des causes économiques semblables engendrer par réaction les mêmes conceptions théoriques.

Bandini a des vues très justes sur le rôle du crédit venant se substituer à la monnaie. On ne saurait dépeindre avec plus d’énergie les résultats funestes des interdictions d’ex- porter les produits du sol  : <( C’est, s’écrie-t-il, clouer la porte du magasin afin que les mar- chandises y moisissent. >>

Bibliographie.

Le Discorso Economico a été recueilli dans la collection Custodi des Scriltori italiani classici dell’ Economica poli- tica Vol. 1. de la Parte Moderna (Milau, 1803).

BAUDRILLART (Henri-loseph-Léon), né à Paris le 27 novembre 1821 ;mort le 23 jan- vier 1892.

On verra plus loin la liste complète deS’ œuvres de Baudrillart. Et l’on trouvera dans plusieurs articles du Dictionnaire  : Bour- geoisie, Morale, Tenures, etc., quelques-unes de ses plus chères idées exposées par lui- même. Nous essayerons ici de résumer l’en- semble de ses opinions, et, pour cela, nous ne croyons pouvoir mieux faire que d’ana- lyser ses principaux ouvrages.

Et d’abord celui-ci  : L’économie politique est-elle une science?

Sans doute, répond Baudrillart, puisqu’elle repose sur un ordre de faits réels, puisque ces faits peuvent être observés, et puisqu’ils obéissent à des lois. Or, tout se ramène en ce monde à des forces et à des lois. Les lois sont fixes, les forces sont mobiles. Le monde se développe parce qu’il se compose d& forces, et se développe régulièrement parce que ces forces sontrégies par des lois. La force libre qui constitue l’homme varie selon les temps, les lieux, les individus. Ces modifi- cations perpétuelles, ces transformations successives remplissent l’histoire, et font de l’homme l’être ondoyant et divers auquel s’appliquent les qualifications les plus op-


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