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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/49

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BAUDRILLAKT


jKjsoos. D’autre part, Jamais fliuinaiiiti’’ n’a ccssi’ d’ailnii’ttrc des règles auxquelles elle soumet sa coiuluite, ni de reconnaiti’o dans Ir monde moral un certain ordre dont les soionces murales portent témoi ;,’na.i ;c. Si riuimaniti’’ était i»urement mobile, il y au- rait une liistoire pour enregistrer ses varia- tions, point de ])hilosopliie pour noter ses caractères essentiels et déterminer son type abstrait  ; il y aurait des conventions chan- geantes, filles des circonstances, point de droit naturel ni de prescriptions durables  ; des coutumes et des mœurs, point de mo- rale.

La mobilité d’une part, la (ixité de l’autre, ne donnent pas du développement humain une idée complète. Il y a ,un point où ces deux caractères semblent venir s’unir en un attribut nouveau, c’est la perfectiljilité, qui suppose à la fois une force libre qui se dé- veloppe, et un idéal versleifuel elle s’avance. Ou la perfectibilité n’est (junn fait fatal, et partant sans moralité, ou elle suppose, d’un côté la liberté humaine, et, de l’autre, un type plus ou moins déterminé, dont cette liberté tend à se rapprocher. Sans la mobi- lité, l’homme serait parfait comme Dieu, ou borné dans son imperfection comme les animaux doués des plus merveilleux, mais des plus immuables instincts. Sans la fixité des principes qui président à son dévelop- pement, il irait au hasard, il s’agiterait sans avancer. « Le progrès est la loi d’un être relatif en état de s’élever à la notion de quelque chose d’absolu, la loi d’un être ca- pable de viser à une sorte de perfection, pas assez puissant pour réaliser jamais complètement cette conception idéale, mais qui l’est assez du moins pour la mieux com- prendre sans cesse, et pour la réaliser toujours davantage en lui et autour de lui, dans son être intérieur et dans ses œuvres visibles. » Déterminer les lois naturelles auxquelles est assujettie dans son dévelop- pement normal la force intelligente, sensi- ble, libre, quiest l’hommemème  ; s’attacher à l’élément durable de leur objet, et tenir d’autre part grand compte des diversités et des inégalités humaines, lorsqu’elles en viennent aux applications, telle est la mis- sion des sciences morales en général, et, en particulier, de l’économie politique. « La première de ces conditions leur permet d’être réellement des sciences et fait leur valeur comme leur dignité  ; la seconde peut seule les rendre praticables et fécondes...»

L’économie politique n’a pas pour principe l’utilité. « L’utilité est la matière et le but de l’économie politique, elle n’en est pas le principe. Le principe de l’économie politique,


r’i>t la liberté, c’est la justice, qui n’est que le respect obligatoire des êtres libres les uns par les autres. Sans doute l’intérêt est le grand rcs-ort de l’industrie... On ne fabrique pas par humanité, on ne vend jjas par devoir... Mais il n’en est jtas moins vrai que la liberté du travail et la liberté du commerce nous apparaissent chez l’individu comme des droits, bien avant que nous avons découvert leurs ellets bienfaisants pour la société prise en masse. La raison tirée du droit est seule inexpugnable au sophisme, et les atteintes qu’il reçoit portent un nom qui parle haut et clair à chacun  : l’oppression, l’iniquité. »

D’une façon plus générale, il est vrai de dire que les utilitaires et les positivistes faussent tout ce qu’il touchent. En morale, une vérité est parce qu’elle est, non parce qu’elle est consolante et bienfaisante, encore moins parce qu’elle est commode. En reli- gion, le souci solitaire et démesuré du salut individuel mène à des conséquences inhu- maines et antisociales. En histoire, il est injuste de ne juger les hommes que sur ce qu’ils ont fait, sans tenir compte de ce qu’ils ont valu. En esthétique, rien de plus inutile que la beauté parfaite...

Apres cet ouvrage, nous devrions analyser l’ouvrage principal, celui qui renferme Les rapports delà morale et de l’économie politique, la question la plus chère à l’auteur, celle dont il a fait, en quelque sorte, son domaine propre et comme sa province personnelle, celle où il s’est le plus souvent cantonné, retranché et comme fortifié de tout temps . Mais, dans ce Dictionnaire même, il a écrit un article sur la Morale (Voir ce mot}, où l’on trouvera les développements nécessaires.

Api^ès les deux ouvrages que nous venons d’énumérer, il nous faut citer l’Histoire du luxe.

Une théorie du luxe : le luxe considéré dans ses rapports avec la morale, l’économie sociale, la politique  ; puis, l’histoire propre- ment dite du luxe, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours  : le luxe primitif, en Orient, en Egypte, dans l’Inde, en Chine, à Garthage, chez les Hébreux : le luxe hellénique, à Athènes, en Macédoine, avant la conquête romaine  ; le luxe à Rome sous la Répu- blique ; le luxe sous l’empire romain, son caractère et sesdéveloppements, ses sources, ses progrès  ; le luxe byzantin, son intluence sur l’art et sur le culte  ; la censure du luxe par les écrivains romains et par les premiers écrivains chrétiens  ; le luxe au moyen âge jusqu’au xi’^ siècle, son rôle, ses caractères  ; le luxe féodal  ; le luxe depuis le xiv^ jus- qu’au xvi« siècle, ses rapports avec l’état


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