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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/73

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CAMBÛN


fuut ; elles biens du clergé? » Dans ces dispo- sitions d’esprit, il était naturel do le voir siéger à la Montagne, comme membre de la Convention, et voter la mort de Louis XVI sans sursis ni appel.

Klu naturellement au comité de linances et contributions, il s’adressait en ces termes à l’Assemblée au sujet des nouvelles impo- sitions (< (iuerre aux châteaux, paix aux chaumières. Voilà les principes posés. Nos commissaires établiront sur les riches les contributions extraordinaires, qu’un besoin imprévu exigera, mais ils en excepteront la classe laborieuse et indigente. C’estparlàque nous ferons aimer au peuple la liberté. Il ne payera plus rien et administrera tout.!» Cette déclaration souleva l’enthousiasme de laCon- vention, et dèslorsCambon,qui faisait partie des cinq délégués du comité de finances, devint en réalité ministre des finances. C’est en cette qualité (ju’il invite, et somme au besoin, Du- mouriez, Danton et la toute-puissante Com- mune de Paris de lui rendre des comptes ; il en use de même envers Robespierre et si^ l’aliène de celte façon, ce qui l’onipéche d’être réélu au Comité de salut public. Il se consa- cre dès lorsexclusivement aux finances publi- ques, où son instinct de négociant le pousse à mettre de l’ordre et delà clarté. Il voudrait bien préparer un état de prévoyance. « Tout le monde sait, dit-il, que pour établir l’ordre dans les finances du gouvernement, on doit régler les dépenses ordinaires de manière qu’elles n’excèdent pas les recettes ordi- naires ».

Dès le l’=’’janvior l793,Cambon fait fermer la Caisse de l’Extraordinaire, source de com- plications pour le Trésor, sans compensation d’avantages réels ; leVmai, il réunit sous son autorité les deux comités des contributions publiques et de la trésorerie. Puis il lutte contre l’ennemi le plus dangereux de nos linances  : l’assignat. On lui a vivement repro- ché de n’avoir pas à cette époque brisé la planche aux assignats, alors qu’il en était encore temps  ; mais il répondit sur cepoint à ses accusateurs après le 9 Thermidor. « Le sys- tème des assignats n’est pas de nous, il est de l’Assemblée constituante ; nous avons dû le maintenir. » Toutefois, il cherche à en res- treindre le nombre et fait paraître mensuel- lement le bilan de leur circulation. Le 31 juillet, pour assurer l’égalité entre tous les porteurs d’assignats, en cas de restau- ration, il obtient la démonétisation des assi- gnats à faceroyale, antérieurs par conséquent à la République, qui eussent joui certaine- ment d’un privilège en cas de contre-révolu- tion ; mais, pressé de réaliser cette réforme, il fixa pour l’échange des délais trop res-


treints ; beaucoup de porteurs ne purent ou ne voulurent pas les échanger, et le Trésor re- fusa de reconnaître ultérieurement environ 2(10 millions en assignats.

En août, poursuivi par cette idée, fausse au point de vue économi(jue, que la hausse du change tenait à l’agiotage alors qu’elle tenait au peu de confiance (justifiée depuis par les <’’vénements) qu’on avait dans le rriubourse- ment intégral dupapier-monnaie,Cambon fit liciuider successive ment la Caisse des comptes, la Compagnie des Indes et finit par fermer la Bourse. Mais, en même temps, il lisait un raïqtort les 18, 19, 22, 23 août à la Conven- tion qui fut suivi d’un décret en date du 24 août l’approuvant, relatif à la création d’un Grand-Livre de la Dette publique.

Le rapport explique d’abord l’origine de la Dette en France, composée de trois espèces de titres d’origine dilTérente :1" La dette constituée, formée des emprunts royaux, que les assemblées révolutionnaires ont promis de respecter, payables, à l’hôtel de ville, à l’aide d’un mécanisme bizarre et compliqué, et des rentes d’ancienne origine des pays d’états, des corps privilégiés et du clergé. 2’’ Les emprunts à terme contractés après la guerre d’Amérique à des conditions désastreuses pour le Trésor, source d’agiotage et de spéculations malpropres. 3° Une dette étrangère contractée à Gênes, en Hollande et en Amérique à 5 0/0 qu’on ne peut toucher sans violer l’intérêt de créanciers honorables entre tous (amis du pays).

Enfin Cambon rappelle pour mémoire l’existence de 5100 040 080 livres d’assignats, dont 48 ;j millions sont en caisse et 873 brûlés, qui ont baissé jusqu’à 20 0, mais qui se sont relevés par les mesures financières précédemment prises jusqu’à 48 O’O. Mais en dehors de l’État, il y a pour 02o millions de dettes provinciales, qu’il convient de rattacher aux emprunts de l’Etat pour accomplir l’ Unité de la nation.

Pour mettre delà clarté et de la régularité dans des finances de la République, il convient de fondre les différents emprunts, de supprimer tous les anciens titres et les remplacer, comme on a fait en Angleterre, par une inscription sur un Grand-Livre au nom de chaque créancier et en capitalisant les arrérages au taux uniforme de 5 %.

Cambon y montre deux avantages primordiaux  : l’un physique, la simplicité de la comptabilité, qui empêchera dorénavant l’État de payer deux fois une même dette ainsi qu’il arrivait souvent à l’hùtel de ville, et permettra de connnaitre exactement, par une simple addition, l’ensemble de ses échéances. L’autre politique, qui consiste en