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Page:Say et Chailley-Bert - Nouveau dictionnaire d'économie politique, supplément.djvu/75

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allemands ont enliiidii par KdincraluHssen- Hfuift, car si chez les uns elle embrasse plusieurs branches de l’adminislration et même de l’économie privée, chez d’autres elle se circonscrit à la science ou à l’art de l’administiation des finances publiciues.

Les rois francs gardaient leur trésor dans leur caillera et le substanlil’ camera désigna bientôt la fortune luivée du prince.

Sous les Carolingiens, le thcsaurarimi ou cumerariiia avait pour fonction de gérer cette dernière et de pourvoir a la subsistance du souverain et de sa cour. Peu à peu nous ren- controns un raincrarius à la cour des grands barons, des évèques, etc.  ; aux cours épisco- pales, Toflice du cumerariuf^ était même un des quatre olTices qui ne devenaient pas vacants lors du décès du titulaire. Ou sait que le moyen âge considérait les revenus du domaine du prince et de l’État comme devant suffire à faire face aux dépenses publiques ; on sait que l’inaliénabilité du domaine fut dans tous les )Kiys et à diiïérentes époques infructueusement proclamée. En Allemagne, également, le domaine impérial se fondit peu à peu, mais les domaines des nombreuses principautés territoriales continuèrent à sub- sister et les ressources, que procurait leur exploitation, devaient rester affectées aux dépenses publiques  ; sauf lorsqu’elles se trou- vaient en présence de princes énergiques et résolus, les assemblées locales [Landci<^tdnde) contestèrent toujours obstinément leur obli- gation de combler, à l’aide d’impôts, les défi- cits qui résultaient de l’écart entre les dé- penses et les recettes provenant des biens caméraux iKammenjutcr).

Dans ces conditions, l’attention des fonc- tionnaires de l’ordre administratif et financier et des auteurs qui étudièrent les ques- tions qui sy rattachent se porta naturelle- ment sur une foule de questions qui, à jne- mière vue, semblent être d’ordre purement privé. On alla si loin dans cette voie , qu’au xviii’= siècle Zincke publiant à Leipzig ses Sammluiujen von wirthschaftlichen PoUzey, Cainmcr und Finanzsachen (Collection de re- cherches sur des questions économiques, de police, de caméralistique et de finance), bien qu’il détinisse la caméralistiiiue u la doctrine de l’administration de la fortune publique immédiate [fifictte :<tc », n’hésite pas à insérer des travaux sur la médecine et l’obstétrique, car, dit-il, la caméralistique « a pour mis- sion générale d’appliquer toutes les connais- sances humaines au développement du bien-être temporel de l’humanité >). (Roscher Geschichte der Nat. Ock. in Dcutschtand, p. 434.) Il y eut à la vérité des tentatives de réaction contre cette extension excessive donnée au


01 — CAMKllALISTIQUE

domaine de la caméralistique. .\insi, en 1777, Hiidiger, professeur à Halle, se plaignait dans son Système Uu’oil<[ue des Sciences camdralei (Ueber die systematische Tlieorie der Cameral- iiissenschaftcn) et dans son Programme aca- démique à rusaijc des économistes et des ca- méralisles [Die akademische Laufhahn f’iir Oeko- nomen und Canirralisten} de la confusion qui régnait dans l’étude de la police, de l’écono- mie privée et de la science des finances. Toutefois ses plaintes ne r<’mpèchèrent pas de soutenir que les sciences camérales avaient pour objet k les recherches de tous les moyens et l’étude de toutes les institutions qu’il convenait d’établir et d’appliquer en vue de poursuivre le bien général de l’État et le bien particulier et individuel de tous ses membres. » (Hoscher, p. UdK.) Toutes ces définitions, fort nébuleuses d’ailleurs, attestent des ambitions démesurées et le penchant inné dans l’esprit germanique de franchir les limites propres et naturelles d’un sujet. Dans son Encyclopédie caméralistique, publiée en i83o, et le dernier en date des exposés de la science camérale, Baumstark y comprend la technologie, mais en exclut tout ce qui relève de la théorie économique générale.

Quoi qu’il en soit des contours indécis et vagues que les écrivains allemands ont donnés à la caméralistique, on peut dire qu’à leurs yeux elle a été la science ou l’étude de l’art d’un bon gouvernement économique et fiscal ; les uns ont particulièrement envisagé son aspect fiscal, les autres son aspect économique. Aussi a-t-ellede bonne heure intéressé les souverains allemands. Dès le xvi« siècle, les principaux d’entre eux, imitant l’exemple donné par Maximilien d’Autriche, ont créé des cours camérales chargées de diriger l’administration de leurs Etats et de leurs domaines  : « Les membres de ces cours, écrit Ossa, conseiller et magistrat au service des ducs et des électeurs de Saxe, doivent être des intendants fidèles et intelligents, ne tolérant ni égoïsme ni rapacité chez les hommes en place, et surveillant avant tout les fluctuations dans le rendement de leur gestion. » En 1727 le roi de Prusse Frédéric-Guillaume Ier fonda les premières chaires d’économique et de caméralistique dans ses États aux Universités de Halle et de Francfort-sur-l"Oder  ; peu d’années plus tard, une école spéciale de caméralistique fut instituée à Kaisersiautern, mais elle finit par se fusionner avec la faculté de philosophie de Heidelberg.

Des chaires de caméralistique furent, vers la même époque, érigées dans un grand nombre d’Universités allemandes ; de nos jours on donne encore le nom d’études camérales